Le Chief Data Officer va-t-il prendre le pouvoir dans les banques ?

Xerfi canal TV a reçu Maïa Grangier, project manager chez Vertuo conseil, membre de Square pour parler d’une fonction qui devient hautement stratégique dans les entreprise dans un contexte d’essor de la donnée : le Chief data officer en évoquant plus spécifiquement son rôle dans les banques.

Mais d’abord, c’est quoi un CDO ?

La fonction n’est pas nouvelle, puisque Yahoo a nommé son 1er CDO en 2004, mais effectivement ce n’est que récemment qu’elle a commencé a gagné du terrain dans un contexte d’essor de la donnée. Dans la banque, son rôle premier, c’est de gérer et d’exploiter la donnée sous son aspect règlementaire. Cet aspect est devenu d’autant plus important que la crise financière de 2008 a engendré une véritable inflation réglementaire liée à l’exploitation de cette donnée. Je pense par exemple au texte BCBS 239 mis en œuvre début 2016 et qui oblige notamment à renforcer la gouvernance des données risques.

Donc le CDO est quelqu’un qui coûte cher aux banques…

C’est vrai que sous cet angle, il est traditionnellement vu comme un centre de coût. Mais il y a fort à parier que cette perception va évoluer, et doit évoluer. Dans les entreprises les plus avancées dans la réflexion, le CDO est plutôt orienté « big data ». Je veux dire par là qu’il va exploiter les données pour générer de nouvelles opportunités business et donc créer de la valeur.

Quelles sont ces opportunités ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

Eh bien pour la banque, la donnée est un levier pour accroître son efficacité opérationnelle et renforcer sa relation client. Elle peut par exemple analyser les données en temps réel pour  proposer le bon produit au bon client au bon moment. Cette stratégie orientée client va lui permettre de tirer parti des investissements dans la donnée qu’elle doit de toute façon réaliser pour des raisons règlementaires. Autrement dit, la donnée devient un actif stratégique et un atout concurrentiel. Ce n’est plus seulement une affaire d’informaticien.

Mais alors, si ce n’est pas un informaticien, quel est le profil d’un bon CDO ?

Le profil qui va émerger aura à la fois les compétences techniques et métiers : il doit maîtriser l’art de la gestion des données, mais aussi les supports digitaux de type Big Data pour exploiter ces données. Il devra avoir une vision transverse à l’entreprise et aura la responsabilité de faire émerger  une culture « data-driven ». Et dans ces conditions, il permettra réellement d’accompagner à la définition des priorités de développement d’une entreprise.

C’est lui qui va prendre le pouvoir en quelque sorte, au moins sur plan stratégique…

Oui, le top management a tout intérêt à renforcer son pouvoir. Mais à mon sens, engager des CDO ou des spécialistes de la data ne suffira pas à enclencher une stratégie data-driven pertinente. Le top management doit lui aussi insuffler le changement dans l’entreprise et donc être parfaitement au fait des opportunités que l’exploitation des données offre pour mettre en place des projets et les suivre sur le long terme. Et cela commence par déconstruire l’image traditionnelle des CDO dont je vous parlais au début de cette interview !

Maïa Grangier, Le Chief Data Officer va-t-il prendre le pouvoir dans les banques ?,  une vidéo Xerfi Canal TV