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La bérézina du commerce extérieur français

Publié le mardi 5 juillet 2022 . 4 min. 55

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Le déficit commercial de la France atteindra un record cette année avec une perte de l’ordre de 110 Md€, soit plus de 4% du PIB. C’est historique, jamais le commerce extérieur français n’aura connu une telle Bérézina, même lors du 1er et 2d choc pétrolier, même lors de la grande récession de 2008-2009 et des crises à répétition qui ont suivi.


Une énorme déconvenue pour la politique d’offre de la France


Alors certes, 2020 et 2021 sont des années particulières perturbées par la pandémie. Certes aussi, l’envolée des prix des matières premières en général et du pétrole en particulier depuis plusieurs trimestres peut fausser l’appréciation des performances de fond. Mais lorsque la mesure du commerce extérieur est resserrée sur les biens hors pétrole, la tendance de fond reste la même, voire apparaît plus clairement encore. Toujours plus claire aussi si est exclu du champ le matériel militaire, dont l’excédent croissant reflète certes la compétitivité et le savoir-faire des fabricants dans ce domaine, mais aussi l’activisme des pouvoirs publics.


Bref, la France ne remonte pas la pente et sa part dans les exportations de biens et services de la zone euro ne cesse de se réduire pour finalement tomber en 2021 à son plus bas niveau depuis 2000. Ce recul de la présence française sur la scène internationale est entièrement imputable au décrochage du solde manufacturier dont le déficit a été multiplié par plus de deux depuis 2013.


Et il ne faut pas se voiler la face, c’est une énorme déconvenue, car la politique publique est au chevet de l’offre depuis 2013-2014. Baisse de la pression sociale et fiscale sur les entreprises, réforme de l’ISF, de la fiscalité du capital, assouplissement du droit du travail, mesures de simplification… Les évolutions se sont faites par touches successives, mais toujours dans la même direction depuis près de 10 ans pour améliorer la compétitivité-coût des entreprises. L’écart de dynamique des coûts salariaux unitaires entre la France et l’Allemagne s’est d’ailleurs quasiment résorbé en à peine 5 ans, après s’être creusé dans les années 2000. Les dérives du passé sont donc effacées et cette baisse du coût relatif se retrouve bien dans l’évolution des prix relatifs à l’export vis-à-vis de l’étalon allemand.


Et pourtant rien n’y fait, le déficit extérieur français vis-à-vis de l’Allemagne ne se réduit pas et a même eu tendance au contraire à se creuser jusqu’en 2019. Mais c’est vrai aussi vis-à-vis de l’Espagne où les excédents au début des années 2000 se sont transformés en déficits. Idem avec l’Italie où le déficit extérieur a été multiplié par 2,5 en à peine 10 ans.


Un problème de spécialisation


Mais le diable se cache dans les détails. L’amélioration de la compétitivité-coût, c’est celle des moins qualifiés. Redressement il y a, mais d’abord vis-à-vis de l’Allemagne, économie haut de gamme qui n’est pas en concurrence frontale avec le « made in France ». En revanche, ce n’est pas le cas vis-à-vis de pays de gamme « moyenne » comme l’Espagne ou la Pologne qui ont poursuivi la même stratégie que la France : jouer la partition de la compétitivité-prix sur les biens à forte incorporation de travail peu qualifié s’est ainsi avérée être un échec.


Mais il n’y a pas que cela, car s’additionne un problème de spécialisation. L’analyse sur les deux dernières années, en dépit de leur caractère exceptionnel, est riche d’enseignements. La dégradation de 32 Md€ du solde manufacturier relève de 3 grands mouvements. Le premier, une crise sans précédent du matériel de transport qui atteint tous les compartiments : de l’aéronautique à l’automobile jusqu’à la construction navale. C’est plus de moitié du décrochage. Mais il relève également du brutal déplacement de la structure de la demande, vers les produits pharmaceutiques, informatiques, de communication, d’équipement domestique, etc. Cette torsion de la demande est pour partie temporaire. Mais elle indique aussi où vont les préférences des agents lorsque le revenu se libère : santé, digital, équipements de loisir et domestiques… Or, sur tous ces créneaux, hormis la pharmacie, la France est structurellement déficitaire et ne dispose pas de capacités de réponse à un surcroît de demande.


À cela s’ajoute la montée en puissance des start-up et autres licornes qui investissent le champ des services, pour partie exportables certes, mais pas le dur des équipements numériques en amont, suscitant ainsi de nouveaux besoins de matériel produits ailleurs. Nos start-up se transforment ainsi, et notamment celles du e-commerce, en chevaux de Troie du commerce international générant plus d’importations que d’exportations. Et il faut se méfier plus généralement des Unes triomphantes plaçant la France comme championne européenne de l’attractivité, principale destination des investissements directs en Europe. Cela n’informe en rien sur la capacité de notre économie à développer, voire simplement maintenir une activité industrielle et exportatrice sur son territoire. Or, plus qu’ailleurs, le tissu industriel français s’est atrophié. Plus qu’en Espagne, plus qu’en Italie alors qu’il s’est renforcé en Allemagne.


Notre commerce extérieur est dans le rouge et l’on ne voit vraiment pas comment la vapeur pourrait s’inverser.


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