Voici une série de chiffres incontestables pour cadrer le phénomène migratoire et dissiper quelques malentendus autour de 5 questions fondamentales : Combien d’immigrés en France ? D’où viennent-ils ? Quel est leur profil ? Leur situation face à l’emploi ? Et enfin, quelle est la fécondité des femmes immigrées ?
Les immigrés en France : 11% de la population totale
Un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. C’est la définition officielle retenue par le Haut Conseil à l’Intégration et adoptée par l’INSEE. Un étranger est une personne qui réside en France et qui ne possède pas la nationalité française.
Population étrangère et population immigrée ne se confondent donc pas totalement. Certains immigrés peuvent devenir français. Bref, être naturalisé. Ils ne sont donc plus considérés comme étranger, mais restent immigrés qui est une qualité permanente. C’est le pays de naissance qui définit l’origine géographique d’un immigré. Ainsi définie, la France comptait 6,8 millions d’immigrés en 2020. Un chiffre en hausse constante depuis le milieu des années 40. Un chiffre à relativiser et à mettre au regard de la taille du pays. Le pourcentage d’immigrés en France est alors légèrement supérieur à 10%.
Bien entendu, il y a l’angle mort de l’immigration clandestine qui est par nature difficile à chiffrer. L’estimation du nombre d’étrangers en situation irrégulière s’effectue communément sur la base des bénéficiaires de l’aide médicale de l’État. Exclusivement destinée aux étrangers en situation irrégulière, l’AME donne accès gratuitement à un panel de soins et concerne aujourd’hui d’environ 350 000 personnes. Si ce chiffre est à prendre avec précaution pour estimer le nombre de clandestins (tous n’ont évidemment pas recours à l’AME), il donne une bonne base. En multipliant cette base par deux et en ajoutant les immigrés officiels, le total s’élèverait à 7,5 millions de personnes, soit 11% de la population totale. C’est moins qu’en Allemagne où les immigrés représentent 18% des habitants ou de l’Espagne qui se situe à près de 15%.
Pour émigrer, il faut du capital social, économique, informationnel
Deuxième question d’où viennent-ils ? Pris dans leur ensemble, les dix principaux pays d’origine des immigrés n’ont pas beaucoup varié depuis le milieu des années 70. Parmi eux, trois pays d’Europe du Sud (Espagne, Italie et Portugal) et trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) sont restés sans discontinuer dans les 10 premières places. Leur classement relatif a cependant sensiblement évolué : alors que les immigrés issus du sud de l’Europe trustaient les 3 premières places en 1975, ce sont désormais les pays du Maghreb qui fournissent les plus forts contingents, Algérie en tête.
Quant à leur profil, ce sont majoritairement des femmes à 52%. Les niveaux des diplômes sont aussi plus polarisés que l’ensemble de la population, c’est-à-dire avec une proportion plus forte de non-diplômés (24% contre 20%), mais une proportion de diplômés du supérieur plus élevée aussi (43% contre 30%). Les immigrants, notamment africains, ont un niveau de diplôme supérieur à celui de la population restante. Car pour émigrer, il faut avoir à la fois du capital social, économique et des informations. Il y a donc bien une autosélection au départ. Un autre chiffre. Avant la crise de la covid-19, plus de 41% des doctorants sont d’origine étrangère. Bref, beaucoup de labos de recherche seraient aujourd’hui fermés sans l’apport des immigrés.
Une immigration plus féminine, plus diplômée et plus active
Côté insertion sur le marché du travail, à rebours de bien des idées reçues, la part des hommes âgés de 15 à 64 ans occupant un emploi était légèrement plus élevée en 2020 chez les immigrés que les non-immigrés. En revanche, pour les femmes, le taux d’emploi est de 50% parmi les immigrées contre un peu moins de 64% parmi les non-immigrées.
Côté natalité pour terminer, le taux de fécondité des femmes immigrées est de 2,72 enfants par femme soit un écart de 0,93 enfant avec les natives. Avec environ 3,5 enfants par femme, les immigrées originaires du Maghreb ont la fécondité la plus élevée. Celle des immigrées nées en Afrique subsaharienne ou en Turquie avoisine trois enfants. La fécondité des immigrées nées se rapproche de la moyenne nationale, environ 2 enfants par femme. Toutefois, la divergence des taux de fécondité de la 1ère génération s’efface dès la seconde. La fécondité des femmes descendantes d’immigrés est ainsi très proche de celui des femmes sans lien avec l’immigration (l’écart tombe à 0,1 point). Quand les femmes bénéficient de la même socialisation, elles ont tendance à avoir le même nombre d’enfants. Plus féminine, plus diplômée et plus active aussi, l’immigration s’éloigne de plus en plus des clichés.
Publié le jeudi 9 septembre 2021 . 4 min. 29
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