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Aujourd’hui, dans le monde, la recherche est pilotée par des appels à projets lancés par des agences nationales comme l’Agence Nationale de la Recherche (l’ANR) en France. Ce mode de financement oriente les recherches sur celles ayant des applications à court terme, au détriment de la recherche fondamentale.

La pandémie récente a illustré les conséquences de cette myopie. En 2002 l’apparition du Sars-CoV, incite l’Union européenne à lancer des programmes de recherche sur les coronas. L’équipe du professeur Canard obtient des premiers résultats en 2004, mais, aussi bien en Europe qu’en France, dès 2006 les financements sont coupés, à cause de la crise financière de 2008 et du fait que le Sars-CoV n’engendra pas de pandémie. La recherche sur les coronavirus n’est plus d’actualité, donc elle n’est plus financée et il faudra le Sars-CoV-2 pour que la recherche soit relancée. On conçoit que s’il est nécessaire que des catastrophes se produisent pour que des recherches se fassent, nous nous préparons un monde bien angoissant.

Léo Szilard était un grand physicien, un des théoriciens du projet Manhattan, dans le cadre duquel il a, avec Enrico Fermi créé la première réaction nucléaire en chaîne. Et s’il a incité Einstein à écrire à Roosevelt pour lui demander de construire une bombe atomique avant l’Allemagne nazie, il a toujours été un pacifiste militant, partisan d’une utilisation seulement dissuasive de la bombe. C’est pourquoi, après Hiroshima et Nagasaki, il crée en 1946, encore avec Einstein, un Comité d’urgence des scientifiques qui lutte contre les armes nucléaires, ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1962. Il savait donc de quoi il parlait quand il s’interrogeait sur les conséquences du progrès scientifique. Dans une nouvelle de science-fiction écrite en 1961, La fondation Mark Gable, il explique comment faire si on voulait retarder le progrès scientifique.

Il suffirait de créer une fondation distribuant des subventions aux chercheurs, ceux-ci devant la convaincre du bien-fondé de leur demande. Pour ce faire, on organiserait dix comités, composés chacun de douze savants les plus actifs dans leur domaine, chargés d’examiner ces demandes.

Ainsi, les meilleurs savants seraient enlevés à leurs laboratoires, et passeraient leur temps dans les comités à étudier les demandes de subvention. Puis, les scientifiques chercheraient à résoudre des problèmes qui leur permettraient presque certainement d’arriver à des résultats publiables. Pendant quelques années la production scientifique augmenterait beaucoup. Mais en ne recherchant que l’évident, la science serait bientôt tarie. Elle deviendrait quelque chose comme un jeu de société. Certains sujets seraient considérés comme intéressants, d’autres non. Il y aurait des modes. Ceux qui suivraient la mode recevraient des subventions, les autres non. Et ils apprendraient tous bien vite à suivre la mode.

Ainsi, en 1961, Leo Szilard nous décrit très précisément le mode d’organisation qui serait nécessaire pour vider la recherche de toute potentialité d’innovation et qui ressemble traits pour traits à celui de notre ANR et de ses semblables.

Par nature, on ne peut pas décider à l’avance les résultats d’une recherche. Beaucoup d’entre elles sont vouées à l’échec, mais la piloter pour des motifs économiques décidés par des bureaucrates, fussent-ils eux-mêmes chercheurs, ne peut que conduire aux effets dénoncés par Leo Szilard : la fin du progrès scientifique.


Publié le jeudi 03 juillet 2025 . 4 min. 00

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