Macron et l’écologie pro business
Emmanuel Macron a-t-il définitivement choisi la croissance contre l’écologie ? En première approche, cela paraît évident. Entre l’abandon des engagements pris en faveur du bio, le refus d’inscrire dans la loi l’interdiction du glyphosate, une position française très molle au niveau européen sur le sujet des perturbateurs endocriniens, la délivrance de nombreux permis d’exploitation d’hydrocarbures, notamment Outre-Mer, nombreux sont les arbitrages dénoncés par les écologistes. Pour compléter le tableau, on peut citer aussi l’autorisation donnée à Total d’utiliser massivement de l’huile de palme importée de Malaisie pour son usine de La Mède, et la réduction des études d’impact écologique à leur plus simple expression. Comme s’il fallait choisir entre la croissance et la préservation de l’environnement et qu’un Emmanuel Macron pro-business avait opté sans ambiguïté pour la croissance. De fait, il récuse l’écologie traditionnelle, punitive, qui entend transformer l’homme pour qu’il s’accorde mieux avec la nature. Une écologie qui flirte avec les théories sur la décroissance, dont notre président ne veut pas entendre parler.
Macron, un écolo pro-business
Mais Emmanuel Macron n’est pas Donald Trump. S’il n’adhère pas à l’écologie traditionnelle, il est tout de même écolo s’agissant de la lutte contre le changement climatique. La politique pro climat a deux mérites à ses yeux : elle est compatible avec le business, et elle rapporte de l’argent à l’État, avec la taxe carbone.
Compatible avec le business, car, grâce au progrès technique, il devient parfaitement possible de concilier diminution des émissions de CO2 ET croissance économique. Bien sûr, les investissements nécessaires pour diminuer ces émissions sont importants. Ils se feront au détriment d’autres dépenses, qui auraient pu alimenter la croissance par ailleurs. Certains secteurs d’activité en pâtiront. Mais les coûts de production de l’électricité à partir des énergies renouvelables ont chuté récemment. La baisse atteint 80% depuis 2009 pour le photovoltaïque, et 40% pour l’éolien terrestre. Elle laisse entrevoir la possibilité d’une économie décarbonnée sans effort insurmontable. Il n’est plus question d’obérer le pouvoir d’achat des ménages et de grever les comptes des entreprises par un prix de l’électricité démentiel. Le business s’en accommodera très bien.
Quant à la taxe carbone, elle permet de lever des sommes importantes, pour réduire le déficit public, un objectif central de la politique économique aux yeux d’Emmanuel Macron.
Une logique finalement modérée
Sur ce dossier du climat, composante essentielle de toute politique écologique, il a donc fait avancer les choses. Il a notamment décidé d’accélérer la montée en puissance de la tarification du carbone, une stratégie approuvée par l’ensemble des spécialistes. Afficher une trajectoire du prix du carbone, comme l’a fait le gouvernement, est la meilleure façon de donner des signaux clairs aux entreprises, et d’orienter leurs investissements vers la transition énergétique. De ce point de vue, la France n’est absolument pas en retard sur les autres pays européens, bien au contraire.
Quand il arbitre en faveur du nucléaire, ce qui fait bien sûr hurler les écologistes, Emmanuel Macron s’inscrit tout autant dans une politique favorable au climat et en même temps au business.
Cependant, il ne va pas vraiment au bout de cette logique pro-entreprises. Elle pourrait passer, aussi, par une politique de l’offre, dopant l’industrie des énergies renouvelables. Celle-ci est dominée par la Chine aujourd’hui, notamment en ce qui concerne le photovoltaïque. Une véritable politique industrielle serait nécessaire en faveur de ce secteur. Manifestement, Emmanuel Macron n’en a pas perçu l’intérêt. Du coup, il ne s’engage pas pleinement en faveur d’une croissance verte.
Publié le mercredi 20 juin 2018 . 3 min. 34
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