De l'intelligence des données à l'expertise augmentée
Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
RESEARCH
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Lancer aujourd’hui un plan de relance keynésienne en France est-il justifiable sur le plan économique ? A priori non. Et l’on pourrait même dire que l’idée suscite une très forte aversion chez une majorité d’économistes, pour qui une telle initiative est jugée inefficace et dangereuse.


Un effet boomerang défavorable


La liste des contre-indications et des effets secondaires non désirables assaille nos cerveaux tant l’enseignement depuis des décennies donne la part belle à la critique des politiques keynésiennes en économie ouverte ; avec pour première réserve, que l’impact positif escompté sur le PIB sera dilué sur le reste du monde. Booster la demande, c’est booster les imports au moins autant que la production nationale, notamment dans une économie qui ne maîtrise ni l’amont de la production sur son territoire, ni l’aval, avec un socle industriel trop étroit. C’est donc aggraver le déséquilibre de la balance des paiements. L’impact de la relance étant faible sur la croissance, cette dernière va durablement dégrader le taux d’endettement de l’État, faute d’autofinancement par des recettes fiscales supplémentaires. Ces déséquilibres se doublent d’un risque inflationniste, faute d’un répondant de l’offre en volume.


Une relance s’expose donc à un effet boomerang défavorable à la fois au pouvoir d’achat, à la demande intérieure et à la compétitivité. Partant de ces déséquilibres anticipés, les marchés financiers vont aggraver le score : les désordres sur le change ne sont plus d’actualité dans le contexte de l’euro, mais ce sont les taux d’intérêt qui prennent la relève : l’augmentation des spreads de taux risque d’enclencher un cercle vicieux sur la dette, publique et privée. Et cette anticipation de hausse des taux, pénalisant les prix d’actifs mobiliers et immobiliers, a un risque d’évasion des capitaux qui complique l’équation du financement. Bref, la relance keynésienne serait une fausse bonne idée.


Les politiques de relance, utiles en certaines circonstances


En dépit de cette psalmodie des effets indésirables des politiques de relance, ces dernières sont-elles à proscrire en toutes circonstances ? L’histoire récente montre que non. Elles ont même joué un rôle décisif de sauvetage des capacités productives et financières des économies en 2008 à la suite de la brutale restriction liée à la crise des subprimes ; et en 2020 pour endiguer les effets des confinements. Dans les deux cas, il s’agissait moins de relancer une économie que d’éviter donc une destruction massive et irréversible de capital face à un choc transitoire. Il s’agissait aussi de faire porter le risque d’endettement par l’agent le plus robuste financièrement, autrement dit l’État. Et dans les deux cas, la thérapie, que l’on peut qualifier de keynésienne, a été menée de façon synchrone dans la plupart des économies développées, conjurant le risque de dilution de leur efficacité et recréant les conditions d’une économie fermée.


Bref, les politiques keynésiennes retrouvent leur utilité pour contrecarrer la diffusion systémique des crises. En situation de détresse, elles sont le geste qui sauve. À l’instar d’un massage cardiaque, elles ne guérissent rien, mais peuvent sauver le patient. Surtout si, comme en 2008 et 2020, les banques centrales oxygènent le système financier par des interventions massives pour éviter l’embolie des marchés et une surchauffe des taux d’intérêt.


Les conditions de succès des politiques keynésiennes : l'exemple américain


À noter aussi le cas américain, où les stop-and-go keynésiens ont toujours joué et continuent à jouer un rôle décisif de stabilisation. Dans cet espace relativement fermé, et dans un contexte de très forte flexibilité du marché du travail, propre à générer de l’instabilité, l’intervention contra-cyclique de l’État est consubstantielle de la stabilité des marchés. Bref, une politique keynésienne ça marche encore, mais sous condition : dans une grande économie relativement fermée, dans un large espace intégré comme l’UE si ces politiques sont menées de façon synchrone, et si elles sont accompagnées de façon bienveillante par les banques centrales pour éviter une surchauffe des taux.


La nécessité d'une relance industrielle


Notons cependant que les politiques que l’on qualifie de keynésiennes, la plupart du temps, ne le sont pas. Les transferts incessants que font les États pour soutenir les agents privés ne sont que le produit dérivé des mauvaises politiques de l’offre. À force de resserrer l’étau sur le travail par une pression excessive sur les salaires, de prêter à la concurrence des vertus qu’elle n’a pas sur le renforcement productif, nos économies, dépouillées de leurs capacités industrielles, ne se bouclent que par l’intervention continue des États en soutien du revenu courant. L’État oubliant au passage que son rôle premier est d’investir dans le capital humain, la sécurité, les infrastructures, la recherche et de flécher la commande vers les secteurs d’avenir implantés sur le territoire.


La détestation de la relance keynésienne et le fétichisme des politiques de l’offre conduisent à cette aberration. Le marché ne fonctionne plus qu’avec la béquille de l’État et de la dette. Et si les relances keynésiennes ne sont pas la panacée, sortir de ce piège passera par une relance industrielle et climatique. Non pour soutenir la demande à court terme, mais pour construire les bases d’une autonomie stratégique à long terme.


Publié le jeudi 4 juillet 2024 . 5 min. 56

x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :