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Amérique, Russie, Ukraine : suivez l'odeur du pétrole

Publié le lundi 26 mai 2014 . 5 min. 05

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Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste

Il y a quelques dizaines d'années, lors d'un voyage aux Etats-Unis, un de mes interlocuteurs m'avait expliqué que « pour comprendre la politique américaine, il fallait d'abord suivre l'odeur du pétrole ». Une phrase que j'ai gardée en mémoire, car elle est toujours d'actualité. On pourrait même y ajouter aujourd'hui un corollaire : « si vous voulez comprendre la politique de la Russie, suivez l'odeur du pétrole ». Car, derrière l'affrontement sur l'Ukraine, l'annexion de la Crimée, il y a d'énormes enjeux énergétiques.

Un peu d'histoire. Dans les années 90, après l'effondrement du communisme, les Etats-Unis et les Anglo-Saxons espéraient mettre la main sur l'exploitation du gaz et du pétrole russes. Une ambition, qui passait par le rachat, pour 25 milliards de dollars, de la principale société pétrolière russe, Ioukos, à l'oligarque Kodorkovski. Opération bloquée par Vladimir Poutine. 

Les attentats du 11 septembre, la guerre en Afghanistan, en Irak, allaient pour un temps modifier les priorités géostratégiques des Etats-Unis. Reste qu'à Washington, on avait peu apprécié l'axe Paris-Berlin-Moscou contre l'intervention en Irak. Tout comme on avait peu apprécié que Gerhard Schröder et les Européens jouent la carte du gaz russe.

En 2004, la révolution orange à Kiev avait pour principal objectif, de détacher l'Ukraine de l'influence russe. C'était sans compter sur la contre offensive de Moscou et de Gazprom, l'étroite imbrication des deux économies, les liens entre les oligarques et, bien évidemment, la corruption endémique du pays. L'Ukraine restait dépendante du gaz russe, qui continuait de transiter par son territoire.

Depuis 2010, les Etats-Unis, sous l'influence notamment d'Hillary Clinton, qui prépare les présidentielles de 2016, ont fait de l'énergie un des axes principaux de leur politique étrangère. Une politique étrangère, qui vise essentiellement à contenir les ambitions de la Chine et de la Russie, et à faire en sorte que le reste du monde adopte la même attitude. Hillary Clinton a même créé, en 2011, au sein du département d'État, un bureau des investissements énergétiques dont la direction a été confiée à l'ancien ambassadeur américain à Kiev, et dont l'objectif est de faire des Etats-Unis le leader énergétique mondial au XXIè siècle.

Pour ce faire, il faut isoler la Russie et réduire l'indépendance européenne vis-à-vis de son gaz et de son pétrole. L'Ukraine est au centre de cette stratégie américaine en Europe. D'une part, parce que les gazoducs qui alimentent l'Europe en gaz russe passent encore par son territoire. D'autre part, parce que l'Ukraine disposait en Mer noire d'une zone économique exclusive considérable, bien supérieure à celle de la Russie. Selon les traités internationaux, la limite de ces zones maritimes est de 200 miles nautiques.

Or, la Mer Noire pourrait bien se révéler demain un eldorado pétrolier. Les réserves contenues dans son sous-sol, à des profondeurs relativement raisonnables, dépasseraient celles de la mer du Nord. Des réserves, beaucoup plus importantes dans la partie Ouest.

En août 2012, l'Ukraine a signé avec Exxon un accord d'exploration avec en filigrane un projet d'investissement de 12 milliards de dollars. Avec une Ukraine adossée à l'Otan, américanisée et liée à l'Union européenne, disposant à terme d'une manne pétrolière, c'est toute la géostratégie russe qui pouvait être remise en cause.
C'est là où Vladimir Poutine s'est révélé un redoutable joueur d'échec. L'annexion de la Crimée, qui est désormais actée y compris par ses voisins de la mer Noire, même si elle n'est pas officiellement reconnue, est un coup de maître. Car cette annexion enlève à l'Ukraine l'essentiel de sa zone économique maritime et redonne à la Russie une position prépondérante. C'est elle qui va explorer et exploiter le pétrole off shore.

Cette annexion lui permet aussi de redessiner le projet de gazoduc South Stream destiné à approvisionner l'Europe de l'Est et du Sud, en évitant l'Ukraine. Jusqu'alors le tracé devait passer en eaux profondes pour éviter la zone ukrainienne. D'où un coût très élevé. Désormais, avec la Crimée, son tracé sera plus court, moins profond et donc moins coûteux. En outre, il va rendre plus aléatoire le projet de gazoduc Nabucco poussé par les Américains pour relier le Kazakhstan à l'Europe, via la Turquie. La bataille va désormais se déplacer sur le plan financier et technologique. Les Américains vont tenter d'assécher les ressources financières de Moscou, pour l'empêcher de mener à bien l'exploitation de la mer Noire. Et Moscou va chercher des alliées en Chine ou ailleurs, pour l'aider à financer et à exploiter ses gisements.

Jean-Michel Quatrepoint, Amérique, Russie, Ukraine : suivez l'odeur du pétrole, une vidéo Xerfi Canal

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