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Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, journaliste-essayiste

L’intervention au Mali sera-t-elle le chant du cygne de l’armée française ? C’est fort possible, au regard des coupes budgétaires qui se préparent. Depuis des années, les services de Bercy rabotent, le budget de la Défense, qui est devenu sa principale variable d’ajustement. Les lois de programmation ne sont pas respectées. Et comme la technostructure du ministère, avec sa pléthore de généraux, n’entend pas se remettre en cause, ce sont les dépenses de fonctionnement sur le terrain et les investissements qui font les frais de ce rabotage budgétaire incessant.
Manque de kérosène pour les manœuvres, manque de munitions, des matériels qui tiennent par des bouts de ficelle… Dans la coque de certains navires, expliquait non sans humour le chef d’état-major des Armées, l’épaisseur du métal n’est plus que d’un centimètre, en tenant compte des couches de peinture.
Et voilà qu’au nom de la rigueur et de la dette, on envisage à Bercy de sabrer encore plus dans ce budget. Deux hypothèses seraient désormais en débat pour la prochaine loi de programmation militaire : l’une consisterait à appliquer un gel des dépenses en valeur absolue pendant les trois prochaines années. L’autre, encore plus radicale, appliquerait ce gel en valeur absolue jusqu’en 2020. L’effort de défense français est déjà tombé à un niveau historiquement bas : 1,5 % du PIB. Si l’on suit les propositions de Bercy, ce pourcentage tombera à 1 % en 2015.
Alors, deux attitudes sont possibles. On peut effectivement considérer que l’armée est inutile, que les industries d’armement n’ont pas lieu d’être dans un État post-démocratique. On peut estimer que la force de frappe ne sert plus à grand chose dans cette grande Europe pacifique et pacifiste. On peut effectivement choisir de supprimer les emplois militaires pour préserver ceux des collectivités locales. On peut arbitrer en faveur de la construction de ronds-points, plutôt que d’investir dans les drones, les sous-marins nucléaires, ou la cyber-guerre.
Mais on peut aussi considérer que la Défense et ses industries sont des boosters de notre économie, de notre recherche et de nos exportations. Et qu’il y a une corrélation directe entre l’attrition de l’industrie française, la baisse de l’effort en recherche et développement, l’effondrement des exportations et la diminution régulière des budgets de la Défense.
Si la France est encore une grande puissance, elle le doit – pourquoi s’en cacher ? – à son outil de Défense et à son siège au Conseil de sécurité. C’est ce qui nous permet de voyager encore en première, comme diraient nos amis allemands, avec un billet de seconde. Des Allemands qui, eux, suivent le chemin inverse du nôtre. Ils montent en puissance dans le domaine militaire. Pour la première fois, leur budget militaire a dépassé en valeur celui de la France. Parallèlement, les exportations d’armes made in Germany progressent. Là où les nôtres s’étiolent.
Il serait temps que les socialistes et une partie de la gauche se soignent de leur schizophrénie. On ne peut vouloir tout et son contraire : intervenir au Mali aujourd’hui, et ailleurs demain, au nom de la France ou de l’Europe. Sans y consacrer les sommes nécessaires. On ne peut pas prétendre rééquilibrer l’Europe, notamment face à l’Allemagne, si on ne met pas le paquet sur nos points forts et sur les domaines où nous avons encore un petit avantage. On ne peut pas militer pour la réindustrialisation, en commençant par détruire ce qui marche bien. On ne peut pas, dans un monde de plus en plus incertain et dangereux, sacrifier notre sécurité et celle de nos enfants, sur l’autel de la rigueur budgétaire.
On ferait bien à Bercy, à l’Élysée et ailleurs, de relire L’étrange Défaite de Marc Bloch, ce grand historien fusillé par la Gestapo. Son livre, écrit au lendemain de l’effondrement de juin 40, disséquait le naufrage de la Troisième République et l’expliquait par la faillite de ses élites.       

Jean-Michel Quatrepoint, Le budget militaire : touché, coulé, une vidéo Xerfi Canal


Publié le jeudi 21 mars 2013 . 4 min. 00

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