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Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, journaliste-essayiste

L’avenir de l’Europe se joue dans les prochaines semaines. Avec une Grèce, ingouvernable, dont la sortie de l’euro semble de plus en plus inéluctable. Avec une Espagne, en récession, un système bancaire au bord de l’implosion, et des taux de chômage ahurissants. Avec une Italie qui ne redémarre pas. Et avec une France qui, d’une certaine façon, vient de dire non à la vision allemande d’une Europe de l’austérité.
Pour Angela Merkel, la défaite de Nicolas Sarkozy c’est aussi un peu sa défaite. Car dans le duo franco-allemand   le Merkozy, comme on l’avait appelé – chacun avait bien compris que c’était Berlin qui avait imposé ses vues. Et piloté le nouveau traité budgétaire.
L’Allemagne avait compris qu’elle n’avait finalement aucun intérêt à sortir de l’euro, ou à laisser éclater la zone euro, tant les engagements de ses banques, et même de la Bundesbank, sont considérables sur les pays du sud. L’Allemagne leur a fait crédit pour qu’ils achètent ses produits…
En échange de la mise en place du fonds européen de stabilité financière, l’Allemagne  a exigé l’adoption de la règle d’or budgétaire et surtout un ensemble de mesures qui reviennent peu ou prou, pour les pays concernés, à des dévaluations internes. C’est-à-dire à des baisses de salaires, de revenus, et à une remise en cause des systèmes de protection sociale. Une politique, qui entraine ces pays dans une spirale récessive mais qui, selon Berlin, doit, à terme, porter ses fruits.
Une politique, pourquoi le cacher, qui sert aussi les intérêts de l’Allemagne, confrontée à une grave pénurie de main d’œuvre qualifiée. Grace à la crise dans le Sud, ses industriels ont commencé à recruter massivement de jeunes diplômés qui ne trouvent pas d’emplois chez eux. Dans un espace monétaire commun, avec la libre circulation des personnes, c’est, nous disent nos amis allemands, la loi du marché. C’est ainsi que l’ajustement va se faire.

Les groupes allemands auraient pu délocaliser une partie de leur production pour utiliser cette main d’œuvre qualifiée dont les coûts sont inférieurs à ceux pratiqués en Allemagne. Mais Berlin préfère pratiquer l’immigration plutôt que d’investir dans cette Europe du Sud. Et ce, pour plusieurs raisons : d’abord  récupérer des cotisations pour financer son propre système social, notamment les retraites, miné par sa démographie. Ensuite ses entreprises préfèrent investir sur le sol allemand, voire en Chine ou en Russie pour y prendre des parts de marché, plutôt que dans les pays du Club Med. Des pays du club Med  qui, au nom d’une vision ricardienne des avantages comparatifs,  n’ont pas vocation à concurrencer l’Allemagne sur ses innombrables points forts. Mais à développer leur spécificité. Ainsi les dévaluations internes du Sud doivent permettre aux touristes, notamment allemands de retrouver des prix plus raisonnables pour leurs vacances. Ou l’entretien de leurs résidences secondaires.
Ne nous y trompons pas : il s’agit bien d’une stratégie. Voilà pourquoi le bras de fer qui s’engage entre la France et l’Allemagne, sera particulièrement dur. Car on peut amuser la galerie et gloser sur le mot croissance. On peut faire semblant de trouver un accord sur de grands travaux, mais ce dont l’Europe, la France ont besoin, ce ne sont pas d’autoroutes, de ronds-points, d’infrastructures – nous en aurions presque trop –.  Non, ce dont nous avons besoin ce sont des emplois dans le secteur privé. De vrais emplois, avec de vrais salaires sur des secteurs porteurs, sur des secteurs à haute teneur technologique.
Or, la vision allemande, du moins d’une partie des élites allemandes, c’est, au mieux, celle d’une Europe à deux vitesses, à l’image de ce qu’est encore l’Italie avec son Mezzogiorno. Sauf que pour l’Allemagne, la ligne du Mezzogiorno se situe juste au sud de Munich.
Voilà ce que François Hollande doit avoir présent à l’esprit lorsqu’il va rencontrer Angela Merkel. Nous devons comprendre l’Allemagne. Mais l’Allemagne doit aussi nous comprendre. Et comprendre qu’il y a des choses inacceptables. Sinon, cette politique, sa politique  débouchera sur une impasse, des troubles sociaux, l’éclatement de l’euro et de l’Europe.
Il y a des solutions alternatives qui respecteraient les intérêts de chacun. La clé, pour les pays du sud, pour la France, c’est de résorber peu à peu leurs déficits mais surtout de retrouver de la compétitivité. Vis-à-vis de l’extérieur, comme de l’intérieur de l’Europe. Notamment vis à vis  l’Allemagne. Autrefois, on aurait dévalué. Avec la monnaie unique, ce n’est pas possible. Si l’on veut garder l’euro et sauver nos économies, il faut que chacun fasse un pas vers l’autre. L’Allemagne doit en finir avec certains de ses dogmes, et accepter notamment le retour d’une certaine dose d’inflation. Comment ? En augmentant les salaires chez elle comme le demandent ses syndicats. Et en laissant la BCE jouer le même rôle que la FED, la Banque d’Angleterre ou la Banque du Japon. Être le payeur en dernier ressort.
Cette inflation  à partir de l’Allemagne et de la création monétaire, aurait trois conséquences. Elle ferait baisser la valeur de l’euro par rapport aux autres devises. Ce qui rendrait tous les produits européens plus compétitifs. Elle permettrait des ajustements de compétitivité à l’intérieur de l’Europe par des blocages de salaires dans le Sud, préférables et plus acceptables que des diminutions de salaires. Enfin, l’inflation est encore un des meilleurs moyens pour réduire le poids des dettes.

Jean-Michel Quatrepoint, Vive l'inflation... en Allemagne, une vidéo Xerfi Canal



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