L’agrégation va-t-elle devenir le nouvel eldorado de la filière énergétique ? Car avec les évolutions réglementaires dans le domaine des énergies renouvelables, les exploitants de fermes éoliennes ou de centrales photovoltaïques vont devoir à l’avenir se tourner vers le marché pour vendre leur électricité. Et ce changement suppose de faire appel à des agrégateurs. En effet, le dispositif d’obligation d’achat — rôle tenu historiquement par EDF — a été récemment remplacé par celui des compléments de rémunération, système dans lequel le prix de vente de l’électricité d’origine renouvelable correspond au prix de marché augmenté d’une prime variable afin d’assurer à l’exploitant une juste rentabilité. Dès lors, un grand nombre de petits producteurs d’électricité verte vont devoir recourir à des intermédiaires pour commercialiser leur production, à défaut d’avoir les ressources et compétences nécessaires pour internaliser ce maillon de la chaîne de valeur. Des intermédiaires qui ont aussi pour rôle d’agréger une production d’énergie par nature intermittente afin d’assurer l’équilibre du réseau électrique.
De nombreux acteurs se sont ainsi positionnés sur ce marché naissant. Selon l’étude Xerfi France, les grands producteurs d’électricité hexagonaux ont déjà pris une longueur d’avance. La CNR a été l’un des premiers à se positionner sur cette nouvelle activité. C’est le cas aussi d’Engie et de Total. Citons bien sûr EDF et sa nouvelle filiale Agregio. Autre acteur incontournable : le groupe de chimie Solvay qui est l’un des plus gros consommateurs d’énergie en France. Face à ces grands groupes, des entreprises de plus petite taille tentent de se faire une place à leur mesure sur ce marché. C’est le cas du suisse E6 qui s’appuie sur ses compétences en matière d’analyse de données et de prévision. Citons aussi les fournisseurs d’énergie ilek et Enercoop. Reste que ces acteurs peinent à rivaliser avec les géants. À tel point que certains ont d’ores et déjà été rachetés à l’image de Smart Grid Energy, acquis par Vinci, ou de Hydronext entré dans le giron du producteur suisse BKW. Certains sont même en difficultés financières, signe que la compétition s’accélère.
En effet, la concurrence va bel et bien monter d’un cran sur un marché dont les perspectives de croissance s’annoncent au beau fixe selon l’étude Xerfi France. De fait, pour renforcer leur position, les opérateurs vont devoir travailler sur différents axes. D’abord il leur faut innover pour renforcer l’attractivité de leur offre. Cela suppose notamment d’améliorer l’analyse des données et des process ou encore de développer les objets connectés pour mieux gérer l’intermittence. Certains acteurs cherchent également à se différencier. D’autres encore tentent de développer des synergies entre les services d’agrégation et d’effacement. Enfin, certains opérateurs s’engagent déjà dans un mouvement de consolidation. Ils visent par-là à mieux équilibrer leur portefeuille clients, à compléter leur offre en intégrant verticalement la filière énergétique, ou encore à changer d’échelle car, dans ce métier, la taille est synonyme de sécurité pour les clients…
Publié le mercredi 13 juin 2018 . 3 min. 22
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