Tsunami ou décélération des prix alimentaires en 2023 ?

L’inflation alimentaire va s’accélérer en 2023 : fake news ou hypothèse crédible ? Xerfi Spécific, le département études et prestations sur mesure de XERFI, fait ici le point sur cette question en 4 séries de données.

La 1ère série présente notre scénario global d'inflation. Nos experts tablent sur un léger tassement à +4,4% en 2023, contre +5,2% en 2022. Un reflux très partiel est donc anticipé, en raison de la fin des différents mécanismes mis en place pour limiter la flambée des prix énergétiques. L’inflation totale déclinera doucement en 2023 sous l’hypothèse que les cours du pétrole et des matières agricoles restent sages, ce qui n’a rien d’évident avec la fin de la stratégie zéro-covid décidée par la Chine.

Qu’en est-il des prix alimentaires ? Ils ont déjà bondi de 7,5% en 2022, soit plus rapidement que l’inflation globale. En fin d’année, les tensions étaient palpables, avec une croissance à deux chiffres des prix en glissement annuel. C’est la traduction directe de la flambée des cours des matières premières agricoles en début d’année 2022, puis leur maintien à haut niveau. C’est aussi les conséquences de la sécheresse, en tout cas pour les produits frais.

Pour 2023, nous anticipons une inflation au moins équivalente à celle de 2022 comme le montre cette 3 série de données. Nous faisons l’hypothèse d’une petite détente sur les prix agricoles et sur les cours mondiaux après la flambée de 2022. En revanche, les prix sortie d'usine des industriels devraient augmenter pour deux raisons. 1) Parce que les factures d’énergie et les frais de personnel, dont le SMIC, augmentent. 2) Parce que les marques, après des années de guerre des prix, sont en mesure de faire passer des hausses de tarifs, forts de leur pouvoir de marché (pour certaines) et d’un contexte inflationniste qui leur donne l’opportunité de le faire. C’est dangereux pour le volume des ventes qui pourraient se tasser, mais cela se tente.

Pourquoi enfin certains professionnels parlent-ils d’un « mars rouge » ou d’un tsunami d’inflation à venir au 1er trimestre 2023 ? Il faut raison garder. D’abord, les hausses des prix au détail se font très graduellement, et non par grand palier comme le montre cette 4e série de données. Ce fut le cas en 2019 (à la suite de la première négociation avec Egalim) mais aussi en 2022 et, ce sera probablement le cas en 2023. Et si les nouveaux tarifs issus de la fin des négociations commerciales fournisseurs/distributeurs promettent de s'appliquer sur les facturations dès le 1er mars, il est très probable que les distributeurs feront tout pour retarder ou lisser au maximum ces augmentations pour ne pas effrayer les clients et conserver leurs parts de marché.

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