Les cours des matières premières répondent en les amplifiant aux cycles de la croissance mondiale jusqu'au début des années 2000 : la phase de reflux de 1993 correspond au coup de froid des économies développées, celle de 1998 à la crise asiatique, celle de 2000 à l'éclatement de la bulle internet qui lamine à nouveau la croissance des pays avancés. Des reflux très vite corrigés. Le bilan des années 90 c'est finalement une progression très sage de 0,6% l'an. A partir de 2002 et jusqu'en juillet 2008, les cours changent d'orbites. Ils s'envolent de 231% sous l'impact de l'industrialisation rapide de la Chine et des autres pays émergents. Des pays dont l'intensité matière et énergétique de la croissance est nettement supérieure à celle des pays développés. Simultanément, les marchés des commodités se financiarisent. Les produits dérivés sur les matières premières deviennent une classe d'actifs à part entière et les espoirs de rendements attirent massivement les investisseurs. Les cours sont propulsés à des sommets. La crise de 2008-2009, marque un second tournant : la récession mondiale fait plonger la demande de matières premières au moment même ou l'offre s'étoffe. Comme attendu, les premiers zéphyrs de reprise s'accompagnent d'une remontée des cours sans qu'ils parviennent totalement à restaurer leurs niveaux d'avant crise. Surtout, ils s'érodent à nouveau avec le rééquilibrage de la croissance mondiale en faveur cette fois ci des pays développés, ainsi que l'explosion du paradigme du Peak Oil poussé par les choix radicaux énergétiques des Etats-Unis, la hausse des rendements agricoles. La peur du manque s'éloigne donc et avec elle le supercycle des matières premières, qui a nourri plus de 10 ans d'appréciation spectaculaire des ressources naturelles.