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L’or est rare, c’est un euphémisme. Et son extraction est de plus en plus coûteuse. Il entre dans la fabrication de nos smartphones. Et aux rythmes de production et de consommation actuelle, les réserves mondiales, déjà exploitées à 80%, devraient être épuisées dans une quinzaine d’années.


La 3e source d’exportation de la Russie


Or, dans ce contexte hypertendu, la Russie se classe au second rang des producteurs du monde, au coude-à-coude avec la Chine et à la main sur 13 % des réserves mondiales. A priori, ces quelques éléments fournissent les ingrédients d’un nouveau psychodrame dans le bras de fer qui oppose l’Occident à la Russie.


Lors du dernier G7, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada et le Japon ont décidé d’interdire les importations d’or russe. Et l’UE devrait leur emboiter le pas. Ces pays s’attaquent ainsi à la troisième source de recettes d’exportation de la Russie en 2021, très loin derrière les hydrocarbures, il faut bien le dire, qui représentaient 46% des recettes de la Fédération, quand l’or de son côté n’en représente que 3,5 % soit 17 milliards de dollars.


Voici néanmoins un nouveau bien hautement symbolique du point de vue de la puissance, contingenté pour tenter d’asphyxier financièrement la Russie. Avec un risque d’envolée des cours qui paraît maximal : 1) ce marché était déjà tendu avant-guerre, vivant avec le spectre d’un Peack Gold imminent ; 2) l’inflation et les incertitudes géopolitique et financière extrêmes consacrent plus que jamais la fonction de valeur refuge de ce métal précieux. Sans parler des désillusions récentes sur l’existence d’un substitut numérique à l’or, avec les cryptomonnaies aujourd’hui en pleine débâcle. Avec en bout de course, le même risque de l’arroseur arrosé que vit l’Occident avec l’embargo sur le pétrole. Des prix qui flambent et des recettes russes qui continuent à couler à flots, la hausse des cours faisant plus que compenser la perte des volumes.


Un matériau non indispensable


Or, les cours n’ont pratiquement pas bronché. Cela peut paraître étonnant, mais ne l’est pas en vérité. Il suffit pour cela de prendre la mesure de ce marché très spécifique.


Premièrement, l’or n’est pas un matériau indispensable au fonctionnement de l’économie. Un arrêt total de sa production ne provoquerait pas des dégâts industriels aussi transversaux que ceux induits par le rationnement du blé ou de l’énergie par exemple. Il suffit de regarder la structure de la demande, et donc de ses usages, pour en prendre la pleine mesure. Plus de la moitié de la production est dédiée à la bijouterie. 20% demeure à l’état de lingots ou de barres ; 11% sert à approvisionner les stocks d’or des banques centrales pour consolider la confiance dans les devises. In fine, à 92%, l’or est désiré pour lui-même, sous des formes plus ou moins ouvragées, comme support de la valeur. Les usages strictement industriels demeurent très marginaux. En très net déclin concernant la dentisterie. Et le rôle de l’or dans l’électronique ne représente que 6 à 7% de ses usages, sachant que le recyclage des appareils déclassés peut assurer une grande partie des besoins. L’approvisionnement en or, rappelons-le, s’effectue à près du quart par du recyclage.


Deuxièmement, la rareté, et même la finitude de cette ressource est constitutive de ce marché. L’or est une ressource non renouvelable et non destructible. On estime à 205 000 tonnes l’or déjà extrait et servant de support précieux aux fortunes : 52 000 tonnes demeurent à extraire et à répartir. Mais l’essentiel du marché est un marché secondaire, un jeu d’enchère sur un stock extrait à 80% et que l’on sait fini. Or, 330 tonnes de plus ou de moins de production annuelle russe rapportées aux 205 000 tonnes qui peuvent faire l’objet de transaction, jusqu’à la fin des temps humains, ce n’est rien. À peine 0,16% de plus ou de moins.


La Chine en embuscade


Troisièmement, si le marché de l’or est sous pression depuis quelques années, ce n’est pas seulement du fait de la montée des risques. Les grands acquéreurs d’or de ces dernières années sont indéniablement la Chine, l’Inde, la Russie ainsi que certains pays de l’Est européens. La Chine, seconde économie mondiale, a notamment pour objectif assumé de porter à 5000 tonnes ses réserves. Pour ce faire, ces pays achètent régulièrement de grandes quantités de métal jaune. Avec pour but d’asseoir via l’or leur puissance monétaire et de s’émanciper du dollar. Ne plus acheter l’or russe, c’est le rendre disponible pour accélérer le processus chinois notamment. Mais là aussi, il faut avoir en tête d’où nous partons. Les États-Unis détiennent aujourd’hui plus de 8000 milliards de tonnes d’or et la zone euro près de 11 000 tonnes, même si elles ne font plus de l’or l’assise de leur crédibilité monétaire. La capture de l’or a déjà été opérée par le passé par l’Occident. Le rééquilibrage qui se joue aujourd’hui est minuté et limité par les ressources.


Bref, si l’on doit chercher un effet collatéral négatif de l’embargo occidental sur l’or russe, ce n’est pas tant celui d’une pénurie et d’une flambée des prix qui sert la Russie sans desservir l’Occident qui en détient la plus grande part. Mais plutôt un nouveau jeu à trois bandes où la Chine en embuscade et tournée vers les horizons longs saisit cette opportunité pour investir dans son leadership mondial futur, et notamment celui de sa monnaie.


Publié le lundi 04 juillet 2022 . 6 min. 02

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