La réduction des dépenses publiques sera un axe prioritaire de la présidence Macron. L’objectif est de la faire diminuer de presque 4 points en cinq ans. C’est un ajustement lourd, et d’une ampleur inégalée par rapport à ce que l’on a pu observer par le passé, à l’exception de la séquence Maastrichtienne, entre 1993 et 2000.
Mais son ampleur, dans un contexte plutôt favorable de redémarrage de la croissance, n’implique pas nécessairement un dynamitage de notre socle social. 51 % de dépense publique par rapport au PIB, cela nous fait revenir dans les niveaux qui prévalaient au début de la décennie 2000.
Les collectivités locales seront les plus impactées
On sait que le gouvernement veut passer en revue toutes les dépenses. Les grandes masses et leur répartition proposées dans la loi de programmation de moyen terme, à horizon 2022, fournissent de précieuses indications sur l’esprit de cette rationalisation de l’Etat et sur sa faisabilité.
Pour l’administration centrale, qui représente 21,3% du PIB en 2017, l’ajustement programmé est de 2,3 points. Pour les collectivités, qui pèsent 11,1% du PIB en termes de dépenses, il est de 1,1 point. Pour la sécurité sociale qui draine 24,5% de dépenses, il est de 1,5 point. En apparence c’est donc l’administration centrale qui fournit le plus gros effort en termes absolus et relatifs.
Mais cette répartition est trompeuse. Si la somme des contributions des différents niveaux administratifs paraît supérieure à l’ajustement de l’ensemble des administrations publiques, c’est que certains efforts sont comptabilisés deux fois. La baisse des transferts et dotations de l’administration centrale en direction des autres niveaux d’administration restitue en fait un effort reporté sur les autres. Lorsque l’on élimine cette double comptabilisation, l’économie réellement programmée au niveau central est plus proche de 1 point. Et en définitive, ce sont les collectivités qui trinquent le plus. Leur taille par rapport au PIB sera réduite de près de 10%.
Investissements publics et politique de l'emploi dans la ligne de mire
Derrière l’attrition des budgets locaux, on trouve les investissements des collectivités locales : près de 20% de leurs dépenses y sont consacrées, ce qui représente entre 50 et 60% des dépenses d’investissement de l’Etat. On trouve aussi les budgets de fonctionnement, qui comptent pour plus de la moitié de leurs dépenses. Cela veut dire que la métamorphose numérique et environnementale de nos villes, que l'on nous promet, a de grandes chances de rester un slogan. Sans moyens, on se contentera de l'e-administration à défaut d'avoir la "smart city". Avec à la clé, des suppressions de guichets, et la rationalisation d’une masse de petits jobs, de commandes et de subventions qui ont pour première vocation d’animer le tissu local.
Dans l’administration centrale, on voit se dessiner un serrage de boulons à tous les niveaux. La plupart des enveloppes continuent à croître en nominal, notamment sur les fonctions symboliques de l’éducation, la recherche et la sécurité… mais moins que le PIB. Les réformes s’opéreront donc peu ou prou à coût constant. Le coup de rabot le plus apparent vise les politiques de l’emploi, dont les plafonds de crédit passeraient de 16,7 milliards en 2017, à 12,6 milliards en 2020.
Du côté de la protection sociale, l’effort relatif est d’ampleur relativement modérée. L’érosion attendue du poids des transferts sociaux dans le PIB, de l’ordre de 1,5 point de PIB, est conforme à ce que l’on observe en phase ascendante du cycle.
Bref ce qui se dessine, ce n’est ni le grand soir de l’Etat social, ni a contrario l’avènement une flexi-sécurité équilibrée non plus. Ce n’est pas un État architecte, impulsant les grandes transformations de notre époque. C’est surtout le repli de l’Etat comme employeur direct ou indirect, via les commandes ou l’emploi aidé, et une grande confiance dans la sphère privée pour en prendre la relève.
Olivier Passet, Contraction des dépenses publiques : le grand soir ?, une vidéo Xerfi Canal Economie.
Publié le mardi 21 novembre 2017 . 5 min. 13
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