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L’Europe a-t-elle perdu la guerre technologique ? C’est une thèse qui résiste à peu d’arguments tant le retard européen est massif dans toutes les technologies fondamentales qui façonnent le XXIe siècle : IA, semi-conducteurs, 5G, informatique quantique, biotechnologies et énergie verte. Dès que l’on aborde ces domaines sur leur versant offre, et non sur celui des usages, l’UE joue en seconde division, dépassée par la guerre de titans sino-américaine qui surplombe la compétition mondiale.


Le gap technologique se creuse


Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les indicateurs les plus synthétiques sont sans appel, signalant un gap technologique qui se creuse année après année avec ses principaux concurrents occidentaux ou asiatiques :


• Il y a d’abord la R&D, où l’Europe est aujourd’hui à la traîne des États-Unis, mais aussi de la Chine, sans parler du Japon ou de la Corée en termes d’intensité de l’effort. Avec aujourd’hui un rapport de 1 à 5 entre la masse de R&D investie annuellement dans la Tech entre l’UE et les États-Unis.
• Il y a ensuite les données portant sur le capital humain. Même en matière de diplômes, l’Europe accuse un retard persistant avec les États-Unis et les pays développés d’Asie. Cela est vrai lorsque l’on scrute la population de plus de 25 ans dans son ensemble, où l’Europe pâtit de son retard à l’allumage en termes de démocratisation de l’enseignement supérieur. Mais cela reste vrai pour les plus jeunes générations. Même la Chine est en passe de la doubler, la part d’entrées en études supérieures des plus jeunes ayant doublé en 10 ans, passant de 30 % en 2012 à 60 % en 2022. À cela s’ajoute un degré de vieillissement de la main-d’œuvre qui n’est pas de bon augure en termes de capacité à innover ou d’adopter les nouvelles technologies et processus. L’Europe sera bientôt rejointe par la Chine en la matière, mais les États-Unis profitent d’une pyramide des âges durablement avantageuse. C’est peut-être aussi pour cela que l’Europe, utilisatrice massive des nouvelles technologies, ne parvient pas à les convertir en gains de productivité, contrairement à ce que l’on observe outre-Atlantique.
• Et si l’on se tourne maintenant vers le financement, même constat perdant. Les États-Unis continuent année après année à écraser l’Europe en termes d’échelle de leurs investissements dans le capital-risque, à tous les stades de développement, démultipliant les chances de décollage et de croissance de leur vivier de start-up. Le pays écrase sans surprise aujourd’hui le classement des licornes dans le monde.


L'Europe marginalisée dans les innovations numériques


Si l’on resserre l’analyse sur les innovations génériques, le bilan est plus saisissant encore. Concernant le numérique, l’UE est sur le banc de touche, ne parvenant à occuper que des segments de niche. La partie se joue entre Gafam américains et BATX chinois, Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, qui opèrent une partition du monde. Et ces géants sont aussi les poids lourds de l’investissement R&D en Tech dans le monde, bénéficiant maintenant d’un avantage cumulatif et de valorisations qui leur permettent de faire main basse sur toutes les start-up à haut potentiel, y compris lorsqu’elles éclosent en Europe. Dans le prolongement de cette domination sans partage, les États-Unis et dans une moindre mesure la Chine mènent aujourd’hui la danse en matière d’IA, les géants du numérique faisant la cueillette des start-up à haut potentiel. Là aussi, les données du capital-risque témoignent d’une hégémonie qui marginalise une fois de plus l’Europe dans la course à l’innovation. Le cumul de ces données sur 12 ans permet de saisir l’ampleur du retard à l’allumage, qui ne laisse plus de chance au rattrapage.


Les causes profondes du décrochage européen


Le constat est malheureusement le même lorsque l’on se tourne vers la transition climatique, et notamment les énergies vertes. En dépit d’effets d’annonce, l’Europe a pris un retard considérable concernant les batteries et le photovoltaïque. Elle se bat maintenant à armes inégales avec la Chine, qui dispose de multiples atouts en amont de la chaîne, notamment concernant l’extraction, et d’effets d’échelle qui écrasent la concurrence.


Ayant perdu la main sur les technologies génériques, l’UE se voit de plus en plus réduite à jouer en défense sur tous les segments sur lesquels elle avait su se bâtir un avantage : automobile, équipements, pharmacie, chimie, aérospatial, aéronautique.


Les raisons profondes de ce décrochage sont connues. Fragmentation des marchés et du tissu productif, absence de stratégie cohérente pour rivaliser avec les leaders mondiaux, défaut de commandite centralisée, coordonnée et volontariste stimulant les entreprises locales, de cofinancement public-privé ambitieux au plan communautaire, etc. L’UE paie aujourd’hui très cher d’avoir désinvesti la politique industrielle, lui préférant les slogans sans substance. Et ce fiasco devient la seule source d’espoir. Laminée, elle n’a d’autre choix que de réformer en profondeur son logiciel et de jouer le rattrapage en s’appuyant sur plus de protectionnisme et de volontarisme public.


Publié le lundi 03 juin 2024 . 5 min. 29

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