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Le macronisme a-t-il muté avec la Covid ? Je ne parle pas ici de ton ou de style, mais de doctrine socio-économique. À l’instar des tournants politiques spectaculaires en cours de mandat qui ponctuent l’histoire de la Ve République : en commençant du tournant socialiste de la rigueur de 1983, au tournant de l’offre de François Hollande en 2013 — 2014, en passant par le revirement interventionniste et keynésien forcé de Nicolas Sarkozy lors de la crise de 2008… et je passe sur le parcours chaotique de Jacques Chirac, tiraillé entre velléités libérales, thématique de la fracture sociale et immobilisme radical-socialiste.


Un macronisme nouveau sous certains aspects


En apparence oui. La crise a radicalement infléchi le cours de la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron. Elle sape les fondements mêmes de son élan réformateur, d’adaptation à la mondialisation. La pédagogie de l’adaptation à un système, lorsque ce dernier périclite, ne tient plus. Tout comme Nicolas Sarkozy a dû remballer sa rhétorique libérale, pro-marché, avec l’irruption de la crise de 2007-2008. À la stigmatisation de l’argent de dingue a succédé le « quoi qui l’en coûte », l’État prenant à sa charge le volume d’heures détruites par les restrictions sanitaires. Les cibles de consolidation budgétaire esquissées en 2019 ont bien sûr volé en éclat, sur tous les plans : dépenses, déficit, dette. Le projet de loi emblématique de réforme des retraites est sorti de l’agenda, sine die. Celle de l’assurance chômage, tout aussi emblématique, est devenue encombrante par ses effets différés explosifs au plan social. La crise a conduit à en suspendre et différer l’application : le changement de mode de calcul de l’indemnisation pourrait entraîner une décote de 24% des allocations pour 37% des allocataires. Le durcissement des règles d’éligibilité où la dégressivité pour les plus hauts salaires, tout est devenu problématique et exige des aménagements.


Hyperflexisécurité : le rêve de l’entreprise flexible poussé à son comble


Peut-on pour autant parler de revirement doctrinal ? Ce à quoi on assiste relève d’un ajustement pragmatique à une situation exceptionnelle, sans alternative possible : une mobilisation massive de l’arme budgétaire, pour préserver les revenus privés, que l’on retrouve partout dans les économies développées. En la matière, la France fait comme les autres, avec parfois moins de zèle que d’autres. Et in fine, Emmanuel Macron en chantre de la flexisécurité, est amené avec la crise à pousser la logique du système à son paroxysme. Le rêve de l’entreprise ultra-flexible, qui peut déroger aux règles générales du au Code du travail pour s’ajuster aux aléas, et d’un salarié protégé par un filet de sécurité sociale, financé par l’ensemble de la collectivité et non exclusivement par des cotisations pesant sur le travail…. a été poussé à son comble. La crise sanitaire a ouvert un espace de dérogation au droit sans équivalent : les ordonnances depuis le 25 mars 2020 créent un degré liberté au niveau des employeurs, en matière de durée du travail, de RTT, de congés payés ou maladie, d’activité partielle, de télétravail, qui aboutit à un niveau de flexibilité inégalé. Au point qu’avec une chute du PIB de plus de 8%, les entreprises ont réussi à préserver leur trésorerie. En contrepartie, le revenu des salariés et des indépendants a été sécurisé grâce au chômage partiel ou au fonds de solidarité, avec à la clé une hausse de plus de 1% du revenu disponible des ménages. Enfin, en arrière-plan de tout cela, une promesse de fiscalité inchangée. On a là tous les ingrédients d’une hyperflexisécurité.

La Covid n’a pas dynamité le macronisme, au contraire


Et l’argent de dingue que cela coûte, me direz-vous. Le Macronisme n’est-il pas là dans un renoncement majeur ? Non une fois encore, car l’argent honni de la Macronie est celui de la facture sociale permanente liée à un sous-emploi endémique. Celui de l’assistanat pour faire court. Là, on est sur un autre registre. La facture Covid est colossale, mais elle est temporaire. Et Emmanuel Macron ne s’est jamais présenté en champion de l’orthodoxie budgétaire, prêt même à admettre le coût transitoire des réformes.


Et ce plus d’État pour celui qui en voulait la réforme : n’est-on pas là encore dans un hiatus phénoménal ? Sauf que la crise surligne comme jamais les failles organisationnelles de la sphère publique. Qu’elle en accélère aussi de façon phénoménale la mue digitale, ouvrant demain de nouvelles pistes de flexibilisation et de rationalisation dans l’éducation notamment. À quoi il faut ajouter le stress budgétaire hérité de la crise qui est déjà en train de revivifier tout le discours sur la bonne dépense… autrement dit sur le moins de dépenses. Et c’est sans doute par le même truchement, à l’heure des comptes, quand il faudra reconsidérer l’équilibre de financement des retraites, que resurgira une réforme, qui pour l’heure tente de se faire oublier. Mentionnons enfin les points marqués au plan européen, en matière budgétaire.


Bref, la Covid n’a en rien dynamité les fondamentaux du macronisme. Peut-être même les a-t-elle vivifiés. Et c’est peut-être là que réside la principale menace, car la crise sanitaire à presque fait oublier que le vrai talon d’Achille du macronisme réside dans le désarroi social et la peur du déclassement qu’il suscite… et in fine la mue finale de la Covid en fièvre sociale jaune.


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