Après avoir longtemps espéré un rebond, les principaux instituts économiques allemands anticipent désormais une stagnation de l'économie en 2024. Le chiffre du 2ème trimestre a fait l’effet d’une douche froide avec un PIB une nouvelle fois en recul. Depuis début 2023, cela fait trois fois que l’économie trébuche, soit un trimestre sur deux !
Pessimistes, les industriels allemands n’entrevoient aucune amélioration et leur moral est en berne. Leader incontesté de l’économie européenne depuis des années, le pays fait face aujourd’hui à des défis économiques qui sont autant de révélateurs de problèmes structurels profonds. Au cœur de toutes les préoccupations, la crise de l’industrie automobile. En juillet dernier la production de véhicules « made in Germany » a chuté de 8,1 %, un recul qui s’inscrit dans une série noire pour les constructeurs. Volkswagen, géant du secteur, a annoncé la fermeture possible de plusieurs sites, y compris en Allemagne. Ce serait inédit dans l’histoire d’une entreprise presque centenaire.
Mais une première étape a été franchie, avec la résiliation d’un accord garantissant la sécurité d’emploi pour dix ans à chaque employé. Les équipementiers, quant à eux, ont déjà entamé des plans de restructuration massifs pour tenter de limiter les dégâts. Ces difficultés pèsent bien évidement de tout leur poids dans l’évolution de l’indice globale de la production manufacturière du pays. La transition énergétique et les nouvelles contraintes environnementales pénalisent également lourdement d’autres secteurs clés, comme la chimie, qui peinent à s’adapter aux nouvelles normes.
Des géants industriels comme BASF et Covestro ont enregistré des baisses significatives de leur production d’autant que la concurrence s’est durcie avec les industriels américains qui bénéficient de la mise en place de l’Inflation Reduction Act, véritable arme de guerre protectionniste et du faible coût de l’énergie outre-Atlantique. Une industrie grippée, des exportations qui s’essoufflent des excédents commerciaux qui fondent, les piliers de l’économie allemande chancellent. Côté demande ce n’est pas mieux. La confiance des ménages est dégradée malgré des revenus en hausse et une inflation en baisse qui est passée pour la 1ère fois depuis mars 2021 sous la barre des 2%, aidée par la chute des prix de l’énergie.
Le pouvoir d’achat augmente. Mais rien n’y fait, les ménages allemands demeurent d’une extrême prudence. Cela se ressent dans les hésitations de la consommation, un taux d’épargne élevé et qui progresse encore. Après un début d’année raté, l’Allemagne se dirige vers un second semestre encore difficile qui ne peut pas lui laisser espérer beaucoup plus qu’un petit filet de croissance pour cette année.
Publié le jeudi 19 septembre 2024 . 
3 min. 08
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