Xerfi Canal présente l'analyse de Thibault Lieurade, journaliste Xerfi Canal
Internet a bouleversé la diffusion culturelle, et donc la propriété intellectuelle. Alors comment rémunérer les ayants-droits ? L'une des pistes, c'est la licence globale. A savoir un péage ouvrant un accès illimité aux contenus culturels. La somme est prélevée par le fournisseur d'accès à Internet qui la reverse aux ayants droit. Les acteurs de la culture et le législateur n'ont jamais voulu en entendre parler. Trop compliqué, négation du droit d'auteur, système inégalitaire? Bref, licence globale pour lutter contre le piratage, non merci. Et pourtant, malgré les cris d'orfraie, c'est bien un système proche de cette licence globale qui se met progressivement en place.
Ce qui en atteste, c'est le succès de la vidéo à la demande par abonnement, la SVOD. Là un internaute s'abonne à un accès illimité à une base de films. C'est donc le même principe que la licence globale à part que c'est la plate-forme de SVOD qui collecte le paiement. On se rapproche encore plus de la licence globale si l'accès est compris dans le forfait internet ou mobile. C'est déjà ce que fait Deezer dans la musique : la plupart de ses abonnés proviennent de chez Orange qui inclut le service dans ses offres.
Pour en revenir à la vidéo, en 2012, les revenus des plates-formes de SVOD comme Canal Play Infinity ou le club vidéo de SFR - ont progressé de 32%. Aux Etats-Unis, 30 millions d'Américains sont inscrits à Netflix. Ce site est devenu une institution : l'abonné paye 8 dollars par mois pour une offre abondante de films récents et de séries, disponibles dès leur diffusion télé ou presque. Il y a donc une vraie demande. Et pas qu'aux Etats-Unis. En Europe du Nord, c'est le géant Amazon qui a conquis le marché avec sa plate-forme Lovefilm.
Et si ces mastodontes débarquaient en France ? Amazon table sur 2014. Mais Netflix, lui, a renoncé faute de pouvoir déployer l'offre attractive qui fait son succès. Les opérateurs doivent en effet attendre 36 mois après la sortie d'un film en salles avant de pouvoir le proposer en illimité. Aux Etats-Unis, c'est 10 mois en moyenne. La protection de l'écosystème français fonctionne donc parfaitement. Un système qui permet à Canal plus d'exister puisque son modèle repose sur l'exclusivité et qui assure des revenus récurrents à toute l'industrie culturelle. Le chiffre d'affaires des producteurs de films a ainsi progressé de plus de 36% depuis 2005. Pour les distributeurs, c'est 24%.
Cette mise en place d'une licence globale du type SVOD semble pourtant inexorable si l'on regarde ce qui se passe ailleurs ou dans la musique. En plus, ce système freinerait le piratage puisque l'offre légale devient plus intéressante que l'offre illégale. Mais pourquoi détricoter du jour au lendemain un système qui rapporte de l'argent ? Après tout, tant pis si l'exception culturelle française, c'est aussi la préférence pour le piratage.
Thibault Lieurade, SVOD : le triomphe silencieux de la licence globale, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 09 septembre 2013 . 3 min. 31
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