La crise du Covid-19 pourrait bien profiter à la finance durable. Elle confirme en effet l’importance de réorienter l’épargne vers un développement plus durable. Les premières données publiées semblent d’ailleurs témoigner de la résilience des fonds ISR dans un environnement devenu complexe pour la gestion d’actifs depuis le déclenchement de la crise du Covid-19. Déjà, en 2019, les encours de gestion IR des principaux gérants ont augmenté de 44% sur un an pour atteindre 2?100 Md€. Ils ont même quasiment doublé depuis 2017. Autre signe révélateur du dynamisme de la finance durable, le nombre de fonds labellisés n’a pas cessé de croître ces dernières années. Il faut dire que les stratégies des grands acteurs de la place alimentent la croissance du marché, entre le basculement progressif de leurs fonds sous le filtre ISR, et les coups de pouce du législateur qui impose depuis la loi Pacte la présence de fonds socialement responsables dans les produits grand public.
Si la clientèle institutionnelle est de plus en plus acquise à la finance durable, il en va autrement sur le segment retail. Pour séduire les Français qui expriment l’envie de « donner du sens à l’argent », les gérants multiplient les stratégies d’enrichissement des offres. En atteste le lancement en mars 2020, en plein confinement, du fonds Social Impact dédié à la réduction des inégalités par Amundi via sa filiale CPR AM. Mais les attentes des particuliers ne se concrétisent toujours pas en termes de collecte. La faute notamment à une offre rendue peu lisible par la multiplicité des approches et des labels; et aussi à des réseaux de distribution qui peinent à s’approprier les produits. C’est dans ce contexte que plusieurs gérants, en l’occurrence AXA IM, BNP Paribas AM, Sycomore AM et Mirova, ont lancé début 2020 une initiative commune pour développer un outil mesurant l’impact des investissements sur la biodiversité. Une initiative qui pourrait contribuer à prendre le chemin de standards communs et ainsi débloquer le compartiment du retail.
Dans la perspective d’offensives auprès du grand public, la labellisation des fonds prend tout son sens. Gage de crédibilité, les labels resteront un important levier pour se démarquer et améliorer la visibilité des placements ISR. Une plus grande standardisation et homogénéisation des standards est cependant indispensable pour diffuser l’ISR plus largement. Car la multitude de labels différents, et la coexistence de stratégies d’investissement responsable différenciées d’un gérant à l’autre, ne facilitent pas les comparaisons. Les réseaux devront d’autant plus faire preuve de pédagogie sur la prise de risque et les horizons de placement que la crise s’accompagne d’une remontée notable de l’aversion au risque. Dans cette perspective, la formation des conseillers commerciaux à l’ISR restera une priorité pour les gérants d’actifs et les assureurs les plus offensifs dans le domaine. Si la crise provoquée par la pandémie ne remet pas en cause les avancées en matière de finance durable, les acteurs devront multiplier les initiatives pour répondre aux nouveaux besoins d’épargne des Français s’ils veulent se démarquer sur le marché clé des particuliers.
Publié le mardi 15 septembre 2020 . 3 min. 19
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