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Les hommes des Lumières étaient convaincus que l’association de la démocratie, du progrès technique et de l’accroissement des richesses et des connaissances permettraient de rendre l’homme plus heureux. Force est de constater que l’Humanité n’a fait aucun progrès en la matière. Nous ne sommes pas plus heureux qu’avant alors que nous aurions toutes les raisons de l’être. Nous vivons plus longtemps, en meilleure santé, menons une vie plus confortable et disposons de quantité de possibilités pour voyager et nous distraire. Or, le bonheur n’est plus une aventure et il n’est même pas certain qu’ils soient encore une quête, tant nous sommes tous affairés à nos petites vanités. La société marchande nous parle en permanence de satisfaction, comme si c’était le but ultime de tout échange marchand. Faire en sorte que le client soit satisfait est d’ailleurs l’une des principales ritournelles du marketing. Pourtant, le principe d’utilité et de satisfaction du consommateur qui fonde l’économie classique a été remis en cause dès les années 1970. Dans un ouvrage pionnier de l’économie comportementale L’économie sans joie , Tibor Scitovsky met en évidence un hiatus criant entre la recherche humaine de satisfaction et l’insatisfaction consumériste chronique. La société de consommation, a tendance à promouvoir les biens qui répondent à des appétits physiologiques et qui apportent un certain confort émotionnel, en appauvrissant les occasions de stimulation, d’exploration ou de rencontre. L’idéologie consumérise, nous dit-il, fait l’apologie constante de biens qui encouragent les individus à se recroqueviller sur des plaisirs égoïstes et répétitifs davantage que sur des biens créatifs susceptibles de créer et d’entretenir des relations sociales signifiantes et épanouissantes.


C’est d’ailleurs le constat de l’incapacité de la modernité et du capitalisme à rendre les individus plus heureux qui a contribué au déploiement d’une économie du bonheur, dont le fondement est justement l’insatisfaction chronique de nos contemporains. Une société d’abondance et d’opulence ne peut en effet qu’entretenir une spirale infinie de désirs pour soutenir l’appareil productif et le mécanisme de création de valeur. Or le propre du désir est qu’il ne peut être satisfait sans disparaître, d’où cette course effrénée à la nouveauté et à la diversité qui caractérise notre société de consommation. Les Américains ont d’ailleurs inventé une technologie puissante qui entretient cette quête permanente d’une expérience de consommation plaisante toujours à venir : le marketing. En apparence, le marketing vise à rendre les individus plus heureux en apportant des solutions  aux problèmes qu’ils rencontrent. Mais il faut se rendre à l’évidence, le système marchand ne peut prospérer que sur l’insatisfaction des individus. Il s’agit d’entretenir en permanence la roue de l’insatisfaction pour susciter de nouveaux désirs consommatoires. Il faut que le consommateur soit continuellement rassasié mais insatisfait, sinon pourquoi continuerait-il à dépenser pour des biens dont il n’a de toute façon pas fondamentalement besoin ? C’est pourquoi le marketing est d’abord une gigantesque opération de fragilisation psychologique des individus, chacun comprenant aisément que le malheur offre des opportunités de marché bien plus vastes et profitables que le bonheur. Car pour pouvoir vendre du bonheur à des individus, il faut d’abord leur rappeler à quel point ils sont malheureux. La trappe de l’insatisfaction est décidemment une manne infinie même si nous sommes tenus d’en questionner la vertu.


Publié le mardi 12 octobre 2021 . 3 min. 51

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