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Nous avons toujours besoin de nous raconter des histoires pour comprendre les objets qui nous environnent. Qu’il s’agisse de la pomme de Newton, ou la tarte des sœurs Tatin, il nous faut toujours un eureka permettant de rattacher telle ou telle découverte à une origine qui conjugue souvent une personne, une date et un lieu. Cela fait d’ailleurs partie du mythe du créateur. N’est-il pas en effet réconfortant d’imaginer William Harley et Arthur Davidson bricolant la première moto dans un garage, ou bien encore le Baron Bich ayant l’idée du stylo à bille en voyant son fils pousser une brouette dans son jardin? C’est pourquoi la plupart des entreprises essaient souvent de trouver un mythe fondateur explicatif de leur marque. Ceci est aussi vrai pour les objets que certains pays utilisent comme autant d’atouts pour renforcer leur marque pays. Ainsi toutes ces légendes qui circulent sur l’origine des pâtes.

La spaghetti nous offre une belle occasion de réfléchir à la façon dont se construisent les croyance et les mythes culturels et de comprendre comment se fabrique l’idôlatrie culturelle. Départons nous tout d’abord de la légende attribuant son introduction à Marco Polo à son retour de Chine en 1295 ou bien celle, plus fantaisiste encore, d’un  marin vénitien Signor Spaghetti. Les pâtes sèches furent introduites par les arabes, tandis que les tomates arrivèrent en Italie via l’Espagne et l’Amérique du Sud. Le génie culinaire italien a surtout consisté à rajouter à la recette des oignons, de l’ail, du basilic et de l’huile d’olive pour élaborer un plat devenu le symbole de l’identité italienne. Pour comprendre l’origine d’une idée, il faut  oublier le déterminisme historique et les légendes potentielles qui l’accompagnent pour essayer de saisir les forces multiples qui ont permis qu’elle advienne. L’exemple des spaghettis montre que l’enchâssement de facteurs comme la culture de nouvelles variétés de blé, le développement de nouvelles techniques de production, l’essor du commerce mais aussi la guerre, les distinctions sociales, la politique gouvernementale et les changements climatiques ont permis l’apparition d’une nouvelle culture et d’une nouvelle sémantique alimentaire. Les changements environnementaux et climatiques jouèrent un rôle clé dans le déploiement d’une culture de la pâte. La famine qui sévit à Naples au XVIème siècle est redoutable. Le chou, la viande et le pain constituaient alors les principaux aliments. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la pâte est alors considérée comme un met de luxe. Sa fabrication est strictement réglementée pour ne pas gâcher la production de blé.

Mais la situation va s’inverser aux alentours de 1630 du fait de la raréfaction de la viande. Le régime alimentaire du peuple évolue, si bien que la mécanisation de la fabrication des pâtes permet d’en réduire significativement le coût de fabrication et le prix de vente. Le fait d’accompagner les pâtes avec de l’huile d’olive ou de la sauce tomate reste longtemps une pratique élitiste, le lard et le fromage constituant depuis le Moyen-Age ses principaux condiments. Ce n’est qu’au XIXème siècle que se fit le mariage condimentaire du parmesan et de la tomate, cette union scellant en quelque sorte une culture d’unification nationale et d’italienité largement propagée par l’émigration Du fait de son appellation générique et de la variété de ses formes et modes d’apparition, la pâte représentait une parfaite métaphore pour signifier à la fois l’unité nationale et la diversité.. Et pour devenir un fabuleux outil de soft power. Voici peut-être pourquoi Sophia Loren a dit un jour qu’elle devait absolument tout aux spaghettis….


Référence :


Massimo Montanari, A short history of spaghetti with tomata sauce, Europa Editions, 2021.


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