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Nous ne pouvons pas nous passer de la propagande !

Publié le mercredi 29 mars 2023 . 5 min. 14

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L’idée de propagande évoque tout de suite les systèmes totalitaires et le spectre d’un Big Brother qui guiderait nos décisions. Elle serait un système verticalisé permettant à un pouvoir de s’exercer en annihilant tout esprit critique et toute liberté de penser. Elle nierait donc l’idée même de liberté. Mais n’oublions pas que la propagande est aussi une caractéristique majeure des sociétés démocratiques. C’est ce qu’a très bien montré l’historien et sociologue Jacques Ellul, premier grand penseur français de la technique et de la propagande : toute société individualiste est un creuset propice au déploiement de la propagande. Elle permet son développement à grande échelle, tout autant qu’elle la rend nécessaire pour encadrer les masses.

Et qu’est-ce que la propagande, si ce n’est une stratégie de communication de masse qui a pour objectif d’influencer l’opinion, mais aussi et surtout les actions des individus au moyen d’informations qui sont nécessairement partiales. Il ne s’agit pas bien sûr d’une propagande politique, directe et coercitive, mais d’une propagande sociologique qui est horizontale et plus diffuse. A la manière de la publicité ou du discours social que charrie les médias et les influenceurs ; quand il ne s’agit pas du bullshit corporate que nombres d’entreprises distillent à leurs collaborateurs et clients. La force de la propagande ne se limite pas au simple fait de diffuser des idées : elle fait également adopter des comportements déterminés. Et même si nous partageons cette chance de vivre en démocratie, nous sommes tous, qu’on le veuille ou non, des propagandés. D’ailleurs la propagande nous prodigue de nombreux bénéfices: elle est rassurante parce qu’elle apporte des réponses en contribuant à éliminer toute angoisse existentielle ; elle rassure en simplifiant la réalité et permet, toujours selon Ellul d’ordonner la « toile pointilliste » de l’information. De ce fait, elle élimine l’angoisse que ressent le citoyen devant une situation hostile et menaçante, en lui fournissant une explication claire et simple à laquelle tout le monde autour de lui semble adhérer. La vertu de la propagande est pour Ellul de fournir et de nourrir des préjugés et des stéréotypes qui évitent à l’individu de fournir un effort de compréhension en proposant une image stable, ordonnée, confortable et familière.


Elle fonctionne essentiellement par imprégnation. C’est une ambiance qui agit de façon inconsciente, en saisissant l’homme dans ses mœurs. Sa grande force est d’agir en douceur, à l’image du soft power. Elle acclimate, elle introduit une vérité, une éthique sous des formes sporadiques, bénignes, mais qui finissent par nous imprégner et orienter nos décisions. Ellul fût l’un des premiers penseurs à se départir d’un lieu commun associant l’information au régime de la vérité et donc du bien et la propagande au régime du mensonge et donc du mal. L’information est ce qui donne justement à la propagande sa matière première dans la mesure où elle suscite des questions et des problèmes que la propagande va exploiter et auxquels elle prétendra apporter des solutions. Ellul montre donc clairement que la propagande est la clé de la démocratie. La force de la propagande est ainsi de transformer l’opinion en croyance. C’est un mécanisme d’aliénation qui fait disparaître l’esprit critique et le jugement personnel. Le « propagandé » devient incapable de discernement, et son aliénation est d’autant plus profonde qu’il a la conviction qu’il pense, sent et agit librement par lui-même, et qu’il qualifie tout autre discours de propagande. C’est pourquoi, comme le disait dès 1927 le neveu de Freud, Edward Bernays, dans son Livre Propaganda qui est à mon sens le meilleur manuel de marketing : « La manipulation consciente, intelligente des opinions organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forment nos goûts, nous soufflent nos idées. C’est là une conséquence logique de l’organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé »


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