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Un apparatchik endimanché qui visitait récemment une grande école de commerce parisienne s’étonna, tel Guignol, qu’il y eut encore des livres physiques dans les bibliothèques. Diantre ! Dans l’un de ces derniers ouvrages le sémillant Umberto Eco semblait déjà lui répondre en proclamant haut et fort : N’espérez pas vous débarrasser des livres. Le savoir serait-il devenu une denrée périssable, une marchandise en voie de ringardisation ? C’est ce que pourrait laisser penser la décision prise par certaines institutions d’enseignement supérieur, consistant à remplacer les épreuves du concours d’entrée par un entretien de personnalité. Adieu grands hommes, idées et savoir et vive le narcissisme des petites différences.


Cette décision qui s’inscrit dans l’air d’un temps résolument inclusif nous confronte une fois encore à la question de savoir quelle est la méthode appropriée pour jauger la valeur d’un candidat. Comment peut-on et doit-on le faire, selon quels critères, avec quelles règles ? Inutile de gloser sur la relativité même de la notion de culture dite générale. Tout interrogatoire visant à sonder un contenu culturel pose irrémédiablement la question des frontières requis du savoir. Comment en circonscrire les bornes et la profondeur ? Il m’est arrivé de croiser des candidats qui, habitant l’une des nombreuses rue Jean Jaurès dont la France a le secret, furent strictement incapables d’expliquer au jury qui était l’homme illustre. J’ai cru comprendre aux dires des candidats que Jean Jaurès n’était pas footballer mais je n’en ai guère appris davantage.… Le type de savoir que l’on en droit d’exiger d’un candidat dans un entretien de sélection pose une question insoluble : comment évaluer le bagage culturel requise pour être une « honnête femme ou un honnête femme » du XXIème siècle ? Pourquoi connaître tel homme politique plutôt que telle influenceuse ou telle handballeuse, telle bataille ou date historique, plutôt que telle autre ? Même s’il n’est pas possible de répondre précisément à ces questions, quoique les programmes scolaires soient justement là pour nous y aider, faut-il pour autant, sous couvert de renforcer l’égalitarisme, faire basculer le mode d’évaluation vers un entretien de personnalité ? Si l’on reproche souvent à un entretien de culture générale de renforcer une société inégalitaire en mobilisant essentiellement le capital culturel et symbolique engrammé par l’individu, que devrait-on dire de l’entretien de personnalité ? La capacité à s’exprimer, à parler de soi, à se mettre en récit semblent participer d’un système d’évaluation qui est tout autant, si ce n’est plus inégalitaire encore. Sous couvert de renforcer l’égalité par un processus de sélection qui ferait fi de l’origine sociale des candidats, on ne contribue qu’à produire un système encore plus inégalitaire. Certes, chacun peut y réussir en fonction de ses efforts et de ses qualités, mais la compétition n’est en est pas plus équitable, à partir de moment où les manières de parler et de se comporter relèvent essentiellement de cette boussole interne guidant attitudes et gestes et que Pierre Bourdieu appelait l’habitus.


Or il existe d’autres formes de mérite indispensables à la vie sociale et que l’on continue d’ignorer dans les modalités d’évaluation : la générosité, le civisme, l’adresse manuelle, l’inventivité… Toutes ces qualités que l’on ne valorise guère dans l’enseignement supérieur souvent rompu aux seules sirènes de l’intérêt. Glorifier ainsi l’entretien de personnalité est aussi une façon de proclamer le fait que le savoir n’est finalement que peu de choses. C’est ce qu’accréditent toutes ces écoles qui partent du principe que les profs ne sont finalement que des coachs et que l’apprentissage ne serait qu’une forme d’expérience. Il résulterait d’une discussion, d’un échange entre les participants, le prof étant réduit au rôle de catalyseur culturel. Il s’agit finalement d’embarquer l’école dans une économie de l’expérience caractérisée qui transforme subrepticement le candidate en client. Et qu’il n’est donc pas vraiment possible de juger, d’évaluer.  Sommes-nous vraiment tenus de vivre cette mutation qui s’avère désastreuse ?


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