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A quoi peut donc servir le plaisir de penser pour les managers ?

Publié le jeudi 29 juin 2023 . 3 min. 52

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On n’associe généralement pas le travail au domaine de la pensée, tout simplement parce que le travail relève par définition du domaine de l’action. Et c’est pourquoi en management on privilégie l’ingénierie ou la communication sur l’exercice de la réflexion philosophique, supposée produire l’effet contraire à celui recherché qui est l’efficacité immédiate. Et pourtant le plaisir de penser, de philosopher sur le travail managé, ne serait-ce pas ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui ?


Le plaisir de penser c’est là aussi le titre du dernier livre d’André Comte-sponville, l’un des philosophes les mieux identifiés parmi les gestionnaires, qui nous offre une approche didactique de la philosophie à partir de quelques mots-clés. Ici j’en retiendrais trois : la morale, la sagesse et l’amour.


-Pour évoquer la morale, il nous suggère une expérience de pensée, aussi vieille que la philosophie elle-même consistant à savoir comment nous nous comporterions si d’aventure nous étions détenteurs du pouvoir de disparaître. C’est Platon qui évoque un berger trouvant un anneau lui donnant ce pouvoir de devenir invisible, et qui au gré des opportunités l’utilise pour prendre le pouvoir, dérober ce qu’il veut, éliminer de sa route qui il veut. Combien parmi nous résisterait, s’il nous était donné, à l’attrait de ce pouvoir fort malhonnête ? Qui permettrait par exemple de changer les clauses d’un contrat après signature ou de participer à des réunions confidentielles organisés par des concurrents à leur insu. En somme, adoptons-nous un comportement moral par choix, par peur du gendarme, ou par peur de voir notre réputation entachée par des actions contestables ? On pourrait d’ailleurs retourner la question : agir moralement au vu et au su de tous c’est espérer un grain réputationnel, ce qui n’est pas très moral. Ne faudrait-il pas alors privilégier une autre lecture de cette histoire en considérant que le secret des bonnes actions, faire un don sans rien le révéler, aider un collègue à réussir sans le faire savoir à quiconque, ce serait justement de les garder secrètes, d’utiliser en quelque sorte l’anneau sans rien dire à personne ? En fait indique Comte-Sponville, « nul ne peut répondre à votre place (…) La réponse ne dépend que de vous ; vous ne dépendez, moralement, que de votre réponse » (p. 25-26).


-La sagesse vaut également d’être mentionnée. Ne serait-ce pas en matière de management une qualité plus haute que n’importe quelle autre ? Ou plutôt la qualité qui donnerait à toutes nos compétences cette petite chose en plus : quoi de mieux qu’un chef qui se comporte avec sagesse en effet ? En fait explique l’auteur, tout le plaisir de penser en philosophie tient à cet amour de la sagesse (philo-sophia), d’une certaine prudence, d’une manière disait Descartes de « bien juger pour bien faire » (p. 440). Bien juger revenant parfois à suspendre son jugement comme le suggère par exemple les sceptiques (p. 458). Au fond la sagesse pour un manager est la vertu suprême, sans jamais être une technique de gestion. Et comment s’acquière-t-elle ? Eh bien grâce au plaisir de penser justement : « c'est parce que nous ne sommes pas des sages » explique Comte-Sponville, « que nous avons besoin de philosopher ! La sagesse est le but ; la philosophie, le chemin ».


-Enfin le troisième mot, que je viens de prononcer, est celui d’amour. C’est un mot qu’on peine à utiliser en management, alors que c’est là son principal sujet de préoccupation : si on déteste ou si on aime son travail, on peut imaginer que l’engagement et les résultats ne seront pas tout à fait les mêmes. Certes l’amour peut se dire de trois façons différentes, Eros, philia, agapè mais notons que c’est toujours l’éros qui vient est premier, c’est ici que se loge le secret d’une passion pour un métier, et le cœur même de la motivation au travail. « Aime et fais ce que tu veux » écrivait déjà Saint Augustin.


Nous pourrons en conclure que toute organosophie, toute philosophie des organisations, mérite au final d’être passée au crible de ces trois notions. Et que cela suppose le plaisir de philosopher, sachant, comme indique l’auteur, que « la philosophie n'est pas une science, ni même une connaissance. Ce n'est pas un savoir de plus ; c'est une réflexion sur les savoirs disponibles. C'est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, disait Kant : on ne peut qu'apprendre à philosopher. » (p. 10).


D'APRÈS LE LIVRE :

Le plaisir de pense

Le plaisir de pense

Auteur : André Comte-Sponville
Date de parution : 12/01/2022
Éditeur : Vuibert
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