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Faut-il mettre la sécurité avant la liberté ?

Publié le jeudi 26 octobre 2023 . 3 min. 47

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« Sans la liberté, il n’y a rien dans le monde ». Cette phrase de Chateaubriand donne son titre au tract, 8ème du nom, que François Sureau consacre à la question de savoir si nous sommes encore à la hauteur du principe même de notre société politique et de notre civilisation, celui donc de la liberté.


Il interroge avec gravité : serions-nous en train de perdre notre amour de la liberté et de préférer consentir à la servitude sécuritaire ? Devons-nous accepter une telle perte et préférer un horizon totalitaire où par « une incessante coopération électronique insusceptible d'être utilement contestée par les moyens de droit ordinaires », un citoyen pourra être facilement placé « vers les ténèbres extérieures de la mort sociale » (p. 23) ? Devons-nous nous satisfaire de cet abandon de la liberté, à gauche « comme projet » (p. 44), à droite « comme tradition » (id.), au profit d’un système qui privilégie le contrôle administratif, la censure et la répression tous azimuts. Certes la liberté est une affaire risquée, comme elle l’a toujours été, mais doit demeurer au principe même de notre système de droits.


L’auteur qui nous alerte ici ne se présente pourtant pas comme un professionnel de l’indignation. Il anime avec son épouse l’association Michel Claver en soutien aux demandeurs d’asiles, lui qui a fait reconnaître par un arrêt le principe de fraternité afin que les personnes qui accueillent des étrangers illégaux sans contrepartie, soient protégées contre toute poursuite pénale. En bref, un personnage singulier sur la scène intellectuelle française, qui rédigea les statuts d’en marche avant de prendre la défense, dans les médias, des gilets jaunes et de leur droit incontestable de manifester contre le pouvoir. Il est devenu académicien depuis, au fauteuil 24 occupé auparavant par Max Gallo, et en a profité pour mettre fin à son activité d’avocat. Mais non à son activité d’écrivain donc, comme ce court essai en témoigne, un essai qui emprunte trois directions que l’on pourrait présenter ainsi :


-la première nous met en garde contre la mauvaise habitude prise par nos gouvernants de légiférer, loi stipulant un « pur délit cognitif » (p. 17) par-ci, loi consistant à réexaminer le travail des journalistes par-là, à chaque péripétie de la vie publique. Cette habitude qui va dans un sens contraire à tous nos principes démocratiques, n’aurait pour seul but que d’intimider le citoyen en tant que délinquant potentiel. « Il ne reste rien de la liberté de manifester si le gouvernement peut choisir ses opposants » indique l’auteur (p. 20).


-La deuxième direction pointe vers une distinction fondamentale entre la liberté individuelle et la liberté d’entreprendre d’un côté, dont il n’est pas question dans ce texte, et la liberté publique qui préoccupe ici Sureau et qui selon lui distinguerait l’Europe de quelques-unes des autres grandes parties du monde. Un continent qui privilégie le débat et la controverse, bref l’intelligence dont chacun s’estime capable, pour tenter d’améliorer les conditions de l’existence de tous. « La liberté vaut en effet si elle est l'apanage d'un citoyen soucieux de bâtir une cité meilleure » clame l’auteur, et « pas seulement le privilège d'un individu soucieux de sa jouissance personnelle » (p. 25).


-La troisième direction est peut-être la plus menaçante, c’est celle qui ne peut que constater la perte générale de confiance et d’optimisme. Perte d’optimisme de la part de nos gouvernants prêts à « assigner à résidence de simples suspects » (p. 17). Perte de confiance de la part des citoyens qui réclament plus de droits pour eux-mêmes et plus de punitions pour autrui. « Au tourniquet des droits, chacun attend son tour » décrit Sureau. « Chacun attend le châtiment de l'autre » (p. 39).


De ce texte bref et incisif retenons que mettre la sécurité avant la liberté est toujours un non-sens en démocratie. Cet ordre de préférence, fut adopté par tous les totalitarismes du XXème siècle. Ce fut même leur point commun. On peut imaginer en effet que sous Staline les rues étaient relativement bien sécurisées. Mais l’État de droit lui mérite mieux, et passe par un désir qui nous fait défaut aujourd’hui, l’amour de la liberté donc, seul postulat susceptible de « se substituer comme principe à l'onction divine des rois » (p. 31), des autoritarismes et des absolutismes.


D'APRÈS LE LIVRE :

Sans la liberté

Sans la liberté

Auteur : François Sureau
Date de parution : 26/09/2019
Éditeur : Gallimard
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