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Que celles et ceux qui ont comme l’impression de passer plus de temps au travail que leurs arrières-grands parents se rassurent : jamais dans l’histoire de l’humanité notre temps loisir n’a été aussi élevé. Il y a deux siècles la moitié du temps éveillé était passé dans les champs, dans l’étable ou à l’usine, aujourd’hui le laps de temps que nous passerons au bureau ne représentera qu’à peine plus de 10% de notre vie entière. Nous avons collectivement réussi ce qui était inimaginable pour nos aïeux, à savoir gagner un temps considérable pour aimer ou pour rêver sans que l’impératif de rendement immédiat ne fasse sans cesse valoir ses droits.


Mais que faisons-nous de ces plages de disponibilité pour nos cerveaux enfin libérés de la chaîne de montage ? Nous les occupons en fait à subir, par écrans interposés, un flux ininterrompu d’images triviales et de contenus en tous genres qui captent, volontairement ou involontairement, toute notre attention vacante. Le sociologue Gérald Bronner fait état à ce sujet d’une « apocalypse cognitive » dont nous mesurons mal les conséquences pour nos vies quotidiennes aussi bien que pour l’avenir de notre civilisation. C’est du reste lui qui préside à une commission, récemment mise en place par Emmanuel Macron, visant à « établir un état de l’art qui puisse (nous) éclairer (…) sur l’impact d’Internet dans nos vies de citoyens », et qui a donné lieu à un rapport en Janvier consultable en ligne.


Car selon Bronner, cette masse d’informations qui ne cessent d’augmenter, à tel point que « 90% » d’entre elles « disponibles dans le monde ont été produites ces deux dernières années » (p. 97), ne ferait que révéler nos peurs les plus profondes, le besoin que nous avons d’être visible à tout prix, en faisant place à quelques-unes de nos obsessions, notamment en matière de sexualité. L’auteur fait un cas particulier des statistiques de consultation du site Pornhub (p. 103-04) qui en 2019 « battait tous les records avec 10498 heures vues chaque minute (…) tandis que 6,83 millions de vidéos étaient mises en ligne de telle sorte qu’il faudrait passer 169 années pour les regarder toutes ».


Dans ce « dépotoir attentionnel ? » (p. 349), j’utilise l’expression de l’auteur, on trouverait donc  de tout :


- Premièrement une grande confusion des esprits. C’est le cas lorsque des informations mensongères, qui circulent sur Twitter bien plus vite que des informations vérifiées, sont rendues universellement disponibles. Bronner de citer l’exemple de ce post sur Facebook, vus des millions de fois (p. 223), engageant la responsabilité de l’Institut Pasteur dans l’apparition de la Covid19. Or, cet utilisateur du réseau faisait effectivement référence à un brevet de l’Institut déposé en 2004 qui concernait bien un coronavirus, un virus à couronne, mais sans aucun lien particulier avec celui apparu quinze ans plus tard.


- Second aspect moins attendu de cette décharge pour cervelles épuisées : le fait que cette captation de notre temps se produise au prix de nombreuses frustrations, un goût pour le scandale, et une indignation quasi-permanente : un observateur cité dans le texte dénombre près de deux cent sujets qui auraient l’an passé scandalisés les Français.


On ferait fausse route en considérant que ces phénomènes d’addiction et de privation cognitives ne concernent pas au moins autant les entreprises que les personnes. Phénomènes que le management aurait tort de ne pas questionner donc, car la qualité de l’information est un élément absolument fondamental de tout pilotage digne de ce nom. D’après Henry Mintzberg c’est même le premier rôle du management que d’appuyer ses décisions stratégiques sur des données pertinentes, authentifiées et vérifiées. On pourra donc sans peine conseiller de mettre en place des systèmes d’informations de qualité, qui résistent à l’appauvrissement des sources et du sens, tout en faisant preuve à chaque fois d’esprit critique.


De là à penser que les managers devront devenir des gatekeepers, voilà sans doute un pas à ne pas franchir. Ils doivent néanmoins se convaincre que la pertinence et l’intelligence de leur action dépendront toujours de la qualité de l’information qu’ils utilisent. Une décision rationnelle dérive par définition de la certification des données du problème ; sans quoi c’est la confusion cérébrale et l’indignation généralisée qui s’y substituent.


Une « addiction au scandale », indique l’auteur, qui serait parmi les causes les plus « inquiétantes du cambriolage qui s'opère sur notre disponibilité mentale » (p. 130).


D'APRÈS LE LIVRE :

Apocalypse cognitive

Apocalypse cognitive

Auteur : Gérald Bronner
Date de parution : 06/01/2021
Éditeur : PUF
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