Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
IQSOG
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?


La catastrophe ou la vie : pensées par temps de pandémie

Publié le mercredi 29 septembre 2021 . 3 min. 34

Voir plus tard
Partager
Imprimer

« Nous sommes désolés des ravages que fait le virus chez les vieilles personnes, mais il faut bien qu’elles meurent de quelque chose » (p. 105). Ces propos malsonnants du Président brésilien Jair Bolsonaro ont fait l’effet d’une bombe, sinon parmi ses électeurs, du moins sur la scène philosophique française. L’idée de comparer publiquement la valeur des vies humaines a reçu l’opposition immédiate du philosophe Jean-Pierre Dupuy, Professeur à l’Université de Stanford et dont une partie de la famille vit actuellement au Brésil. Non, explique-t-il en substance dans un journal de pensée irritée rédigé tout au long de l’année 2020 : il est criminel de comparer la valeur d’une vie avec celle d’une autre. Celle d’un infirmier ne vaut pas moins que celle d’un médecin, celle d’un Américain pas plus que celle d’un Coréen.


Selon lui, devant la gravité de la pandémie, la logique s’impose à toutes et tous : confinements successifs, geste barrières continus, réduction des libertés publiques si nécessaires, respect de la vie « quoiqu’il en coûte », pass sanitaire et double vaccination pour tous : telles apparaissent les seules mesures susceptibles de sauver des vies. Et donc les seules mesures rationnelles et responsables.

 
Pour Dupuy en effet, ne sachant si nous sommes porteurs du virus, nous devons scrupuleusement respecter les règles barrières sans condition. Ceux parmi les philosophes et les économistes qui pensent autrement déraisonnent. Cette nouvelle trahison des clercs porte sur l’oubli, argument de bon sens selon l’auteur, que sans la vie « nue », la Zoë en grec, il n’y a ni économie, ni monde, ni avenir possibles.


En prennent pour leur grade les philosophes covidosceptiques – tel Olivier Rey ou Giogio Agamben – mais aussi les économistes « normatifs » qui prétendent remplacer la philosophie morale, et qui selon l’auteur, « fondent leur évaluation de la vie humaine sur ce qu’ils appellent le « consentement à payer » : dites-moi ce que vous seriez prêt à payer pour avoir votre vie prolongée d’une année et je vous dirai ce qu’elle vaut. » (p. 207).


Ce quasi-pamphlet conçu dans l’urgence de la crise donne aussi accès à la méthode philosophique de l’auteur que l’on qualifie généralement de catastrophisme rationnel, ou éclairé, selon la formulation qu’il en propose lui-même. Avec ce terme il s’agit de neutraliser deux approches qu’il conviendrait mieux d’éviter; d’un côté annoncer la catastrophe, ce qui risque de la faire surgir par effet performatif du langage. Et de l’autre faire comme si elle ne pouvait arriver en ne la nommant pas, en omettant de manière irresponsable toute analyse lucide des risques. Un catastrophisme éclairé juxtapose ses deux positions pour tenter d’ajouter la perspective d’un avenir possible, d’une catastrophe toujours repoussée, d’un l’espoir que le cataclysme ne puisse jamais effectivement se produire. Inquiéter sans décourager donc, s’approcher du précipice mais pas trop, prévenir plutôt que ne pas être capable de guérir, en bref, accéder au bonheur en esquivant autant que faire se peut le malheur. Tout le contraire des effondristes de toutes obédiences, qui parient quant à eux sur son caractère inévitable. Tout le contraire des anti-catastrophistes qui s’imaginent que le pire est toujours derrière nous.


Jean-Pierre Dupuy, à qui on pourrait opposer de mettre de côté un peu vite les souffrances endurées par la jeunesse durant la pandémie et une analyse plus critique de l’état d’exception permanent qui semble de plus en plus caractériser notre époque, est en somme ici fidèle à son projet. En s’adressant non pas à ceux qui se soucient de la catastrophe pandémique, mais à ceux qui nous font croire qu’ils n’en ont rien à faire, ou qui demeurent à son endroit cyniquement indifférents.


Le virus, ainsi que le montrent ces Pensées par temps de pandémie, nous invite, sans doute, à penser aux autres avant que de penser à nous-mêmes.


D'APRÈS LE LIVRE :

La Catastrophe ou la vie - Pensées par temps de pandémie

La Catastrophe ou la vie - Pensées par temps de pandémie

Auteur : Jean-Pierre Dupuy
Date de parution : 04/03/2021
Éditeur : Seuil
COMMANDER

Les dernières vidéos
Idées, débats

Les dernières vidéos
de Ghislain Deslandes

x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :