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Le bien, le bon et l'impératif de qualité

Publié le jeudi 25 juin 2020 . 4 min. 14

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Qu’est-ce que le bien ? Quelle est votre idée du bien ? Devant une telle interrogation, dans une salle de cours par exemple, bien peu prenne le risque d’oser la moindre réponse.


Il faut dire que c’est une question difficile, à laquelle s’est confrontée toute la tradition philosophique. Et pourtant reconnaissez que c’est là un point important : qu’est-ce qu’une bonne décision ? De qui pourrait-on dire qu’elle est une « personne bien » ? Que voudrions-nous signifier avec l’expression « bien faire son travail », sans toutefois se référer à une telle notion.


Or pour le philosophe Pascal Chabot, la notion de Bien semble trop souvent se résumer de nos jours à « ce qui fonctionne ». Si le train arrive à l’heure, c’est bien. Si mon ordinateur s’allume quand j’appuie sur le bouton ON, c’est bien également. Or la question du Bien nous interroge plutôt sur le fait de savoir pourquoi nous voulons prendre les transports et pourquoi et comment utiliser notre ordinateur, quel sens au fond je donne à cette action par rapport aux valeurs et idées qui me sont chères, et que je souhaite défendre ? Or, pour parvenir à reprendre l’initiative, dans un monde numérico-dataïste qui s’intéresse à la quantité et au combien, plutôt qu’au pourquoi, Pascal Chabot nous propose une nouvelle éthique fondée, non plus sur le fonctionnalisme ou la logique des maxima, mais sur un qualitarisme. Cette éthique qu’il résume à la manière de Kant : « Agis de telle sorte que la qualité de vie de chaque être soit assurée et respectée ».


La nouvelle figure du Bien indique l’auteur doit être celle de la qualité, ou plutôt des libres qualités, comme le suggère son petit traité édité au PUF. Ces libres qualités enfoncent le clou du projet philosophique plus général de l’auteur, depuis ses essais sur le burn-out et sur l’Âge des transitions, consistant à remplacer le progrès « utile » par un progrès « subtil ». Du terme Sub-tela, « emprunté à l’imaginaire inspirant des femmes tisserandes, (qui) est l’expression latine qui désigne ce qui est « en-dessous » d’une toile, c’est-à-dire les fils majeurs, les trames sur lesquels on brode un tissu. » (p. 46). Et sans quoi, au fond, rien ne tient.


Pour Chabot il ne fait aucun doute que Descartes fut le grand naufrageur des qualités dans l’histoire de la pensée. Il est celui enfin, avec Locke, qui fit « éclater la qualité en qualités objectives et mesurables d’une part, et en qualités subjectives et sensibles de l’autre. » (p. 106). Qualités premières d’un côté, objectivables, comme le poids d’un objet, et de l’autre ses qualités secondes, la perception sensible que nous en avons, son architecture invisible, sa valeur pour nous. Tout ceci au profit des premières, toujours calculables, maîtrisables, contrôlables tandis que les autres le sont par nature plus difficilement.

 
En management la tentation est pourtant forte hélas de vouloir tout mesurer, et de tout réduire à des qualités premières, selon le principe établi par Peter Drucker en son temps selon lequel ce qui n’est pas mesurable n’est pas manageable. Ainsi apparaissent des qualités contrôlées par des cercles dit « de qualité » dès les années 70 et aujourd’hui encore par des systèmes de normes, comme ISO 49 pour les avions dont l’auteur note que s’agissant des questions de sécurité il n’y a évidemment pas lieu de s’en plaindre.


Mais des libres qualités qu’en est-il ? Le tact, la gratuité, la délicatesse, la bienveillance informelle, l’esprit de finesse et bien tout cela, qui ne se laisse guère mesurer dans des tableaux de bord n’est plus reconnu en tant que tel… et c’est pourtant ces qualités libres, secondes à défaut d’être secondaires, qui conditionnent pourtant le moral des salariés et in fine le succès des organisations.


Cette invitation à faire des managers des « chercheurs de qualité », capables de faire preuve de nuance et de jugement, Chabot l’illustre d’un exemple amusant : fait peu connu, l’écrivain-musicien Boris Vian fut après ses études d’ingénieur à Centrale embauché à l’Afnor, l’agence française de normalisation, où il resta quatre ans. Et c’est sans doute à force d’édicter de nouvelles normes que Vian, le soir, en rentrant des Clubs de Jazz qui ont fait sa légende, « invent(ait) des murs qui bougent, des autobus qui (n’allaient) nulle part, des pianocktails et tant d’autres rêves encore. » (p. 299).

Réf.

Traité des libres qualités, par Pascal Chabot, PUF, 2019.


D'APRÈS LE LIVRE :

Traité des libres qualités

Traité des libres qualités

Auteur : Pascal Chabot
Date de parution : 04/09/2019
Éditeur : PUF
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