Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
IQSOG
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?


Le destin de l’Europe et la menace populiste

Publié le lundi 28 janvier 2019 . 4 min. 08

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Les citoyens européens seraient-ils sujets depuis quelques années à la « rhinocérite », cette maladie inventée par le dramaturge Eugène Ionesco ? Dans sa pièce intitulée Rhinocéros, on s’en souvient, l’apparition soudaine de ces quelques mammifères de trois tonnes occasionnait une réaction en chaîne parmi la population, au point que tout le monde finissait par se prendre pour une bête féroce. Au début bien sûr chacun en est effrayé : « Nous ne pouvons pas nous permettre que nos chats soient écrasés par des rhinocéros ou par n'importe quoi ! » s’exclame l’épicier. Mais très vite, comme une trainée de poudre, par mimétisme, par peur, tout le monde se met à trouver cela normal. Ionesco, un dramaturge d’origine roumaine qui devint académicien en France, nous mettait en garde contre la toujours possible montée en puissance des extrémismes, même initialement minoritaires.


Cette image est reprise à la p. 58 du dernier essai, « le destin de l’Europe », d’Ivan Krastev membre notamment de l’Institut des Sciences humaines de Vienne. Les européens aujourd’hui seraient pris selon lui dans une double contradiction : ressentiment à l’égard des élites méritocratiques et reconnaissance de la stabilité du continent sur un plan sécuritaire d’un côté, de l’autre une montée en puissance des sentiments nationaux voire régionaux versus collaboration efficace contre le terrorisme entre les états membres de l’Union comme jamais auparavant. Pour le dire comme Krastev : « les Européens vivent dans la peur de la désintégration alors qu’ils partagent plus que jamais une communauté de destins. » Et ce n’est pas les incertitudes et les difficultés rencontrées par les anglais pour sortir de l’Union qui pourraient lui donner tort.


En bref pour ce politologue de plus en plus écouté, le risque de désintégration qui pèse sur l’Europe, sa cour de justice, le droit accordé aux populations de circuler sans contraintes,  d’élire enfin ses représentants, est plus que réel. Européens de l’Ouest, nous faisons semblant de l’ignorer. Tandis que les européens de l’Est, qui ont fait l’expérience de l’effondrement du rideau de fer, ne peuvent quant à eux s’offrir ce luxe de l’inconscience. « En cas de crise sécuritaire majeure » annonce Krastev, « les opinions publiques d’au moins trois pays de l’Union -la Bulgarie, la Grèce et la Slovénie- chercheraient assistance auprès de la Russie et non auprès des pays de l’Ouest. »


Il faut donc s’en inquiéter : cette ère du ressentiment à laquelle on assiste offre aux partis populistes une occasion unique de se faire entendre, eux qui promettent de « rester aux côtés du peuple », quand les élites quittent le navire comme c’est le cas en Bulgarie, exemple typique que l’auteur connaît bien. Cette situation périlleuse, théorisée par le sociologue britannique Michael Young, place la démocratie libérale européenne sur un niveau d’alerte maximum, quand la crise migratoire ne fait qu’augmenter l’écart entre les mentalités cosmopolites et les mentalités claniques.


Au fond la situation de l’Europe est confrontée à son « syndrome des Galapagos » : ce phénomène que rappelle notre auteur qui avait permis de décrire la supériorité des smartphones japonais sur tous les autres au début de la 3G, mais qu’aucun pays n’a voulu adopter du fait de son retard technologique irréductible. Aujourd’hui l’Europe c’est un peu cela : ses points forts, laïcité, sa postmodernité, son ouverture au monde n’en font hélas, semble-t-il, un modèle pour personne.


Krastev propose en conclusion de « désarmer » les populistes en étant réceptifs à certaines de leurs inquiétudes, de s’armer de courage politique en rappelant que l’altérité est toujours une bonne chose, qu’enfin « il faut tenir ». Empruntant ainsi la voie proposée par Machiavel, le stratège florentin, de ne jamais abandonner la partie tant que l’on ne sait pas tout de son propre destin.


Ajoutons que pour sortir de l’euroscepticisme ambiant, il faudra compter finalement sur rien de moins que la prise de conscience des enjeux géostratégiques de la part de chaque européen. Souvenons-nous que si les anti-héros de la pièce de Ionesco se transforment en mammifères périssodactyles, c’est d’abord parce qu’ils sont calfeutrés dans un esprit étroitement identitaire, sans jamais parvenir à en sortir afin de mieux considérer la perspective d’ensemble.


D'APRÈS LE LIVRE :

Le destin de l'Europe

Le destin de l'Europe

Auteur : Ivan Krastev et Frederic Joly
Date de parution : 05/10/2018
Éditeur : Premier Parallèle
COMMANDER

Les dernières vidéos
Europe, zone euro

Les dernières vidéos
de Ghislain Deslandes

x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :