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Le pouvoir des données sur votre vie privée

Publié le mercredi 9 mars 2022 . 4 min. 51

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On reproche fréquemment à Facebook et à Google, entre autres, de vendre les données personnelles au plus offrant. Mais est-ce vraiment ce qui se passe ? Techniquement vos données ne sont pas « vendues » mais utilisées pour vous influencer dans vos choix de vie et dans vos comportements d’achats. Au point que ce n’est pas vraiment dans le domaine des données que les géants du numérique sont puissants, c’est dans le domaine du pouvoir. Cette conviction est exprimée par Carissa Veliz, une philosophe d’Oxford, qui publie le livre Privacy is Power. Dans ce best-seller elle tente de nous faire prendre conscience que le pouvoir a toujours plus de valeur que l’argent : avec le pouvoir nous dit-elle, on peut tout acheter et n’en faire qu’à sa tête, sans se soucier de rien. Or jamais ces sociétés commerciales n’ont eu autant de pouvoir car jamais elles n’avaient auparavant accumulé autant de données nous concernant.


L’auteur nous donne dès les premiers chapitres une multiplicité d’exemples qui font froid dans le dos sur l’étendue de ce pouvoir, car il semble bien que tout concoure à poser que bientôt plus aucun aspect de nos existences ne restera confidentiel. Dossiers médicaux, conversations privées, photographies personnelles – qui contiennent des metadata comme le lieu et l’heure mais permettent aussi d’avoir accès à vos empreintes digitales –, aussi bien que les drames que vous avez vécus, les joies que vous avez connues jusqu’à votre rythme cardiaque au moment d’apprendre une mauvaise nouvelle, toutes nos expériences seront bientôt enregistrées et exploitées au bénéfice des géants du numérique (p. 154).


Faut-il s’en émouvoir ? A l’époque de la triste Stasi, le service de police politique de la RDA, un tiers de la population faisait l’objet d’un suivi indique l’auteur, alors qu’avec la reconnaissance faciale et les médias sociaux couplés à l’IA, les agences de renseignement aujourd’hui peuvent ficher potentiellement toute la population, et référencer ce que chacun d’entre nous fait, pense et ressent.


Selon Eric Schmidt l’ancien patron de Google on aurait tort de s’en inquiéter, lui qui interroge le plus simplement du monde : si vous êtes inquiets sur le sujet de vos données personnelles, n’est-ce pas que vous avez quelque chose à vous reprocher ? Or comme l’indique Véliz, si en tant que citoyen nous attachons de l’importance à nos données personnelles, ce n’est pas parce que nous avons un méfait à cacher, mais pour nous prémunir des méfaits que d’autres que nous pourraient nous causer. La sauvegarde de notre intimité étant précisément ce qui nous préserve des abus de pouvoir et garantit nos libertés civiles. Pensons à nos enfants prévient-elle : souhaitons-nous laisser les institutions et les entreprises les mettre sous surveillance continue ? Page 189 elle explique que « pour devenir des personnes dotées d'un cœur et d'un esprit forts, les enfants doivent explorer le monde, faire des erreurs et tirer des leçons de leurs expériences, en sachant que leurs gaffes ne seront pas enregistrées, et encore moins utilisées contre eux. L'intimité est nécessaire pour cultiver l'intrépidité ». Du reste elle précise que Marc Zuckerberg a bien intégré cette dialectique du savoir et du pouvoir, lui qui vient d’acheter les quatre maisons qui entouraient la sienne afin que sa famille et lui puisse bénéficier d’un peu plus d’intimité (p. 50).


Mais que peut faire, dans le même ordre d’idée, le citoyen que vous êtes pour limiter l’intrusion dans votre vie de la société de surveillance ?


Dans nos usages courants, pas de recette miracle. L’auteur propose tout de même de fermer le wifi et le bluetooth lorsqu’on quitte son domicile, de couvrir les caméras du PC avec un sticker, et de laisser le portable à la maison quand on en n’a pas besoin. De préférence un téléphone ancien qui ne dispose pas des derniers gadgets. Elle donne enfin quelques alternatives pour votre boite email ou en terme de messagerie, en suggérant d’utiliser Signal. Et suggère enfin l’adresse cenestpasvotreaffaire@intimite.com, en guise de réponse polie aux sites qui vous sollicitent pour connaître votre adresse personnelle. Reste à espérer bien sûr que ces conseils n’attirent pas sur vous l’attention des agences de renseignement.


Le deuxième volet est sans doute plus disruptif : il s’agit de sortir du tout-gratuit qui donne faussement à penser que personne ne paye la facture. L’auteure rappelle que l’information de qualité a un coût, et qu’il est logique que les journaux soient payants. Comme du reste pourrait le devenir le service d’accès à Google (cela représenterait moins de 10 euros par an et par utilisateur, et aurait le mérite de mieux respecter le caractère privé de nos existences).


De manière générale, en privilégiant les recours à des services qui protègent nos données, nous donnerions du crédit aux offres commerciales qui précisément se proposent de garantir cette protection. En résumé, faire du respect des données personnelles une opportunité d’affaires pour les acteurs du marché. Afin que 1) les données à caractère personnelles soient sécurisées, 2) les données publiques soient plus transparentes et 3) que les données non confidentielles continuent de circuler sur la toile pour promouvoir la collaboration et l’imagination, toutes choses dont les citoyens que nous sommes auront besoin, bientôt, pour relever leurs plus grands défis sur les plans politique, organisationnel, et humain.


D'APRÈS LE LIVRE :

Privacy is Power

Privacy is Power

Auteur : Carissa Véliz
Date de parution : 23/06/2021
Éditeur : Corgi
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