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Manager avec bienveillance et humanisme plutôt que par la peur

Publié le jeudi 28 octobre 2021 . 4 min. 27

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Lorsqu’il est question de s’opposer à un management par la terreur ou par la peur, c’est généralement le mot « humaniste » qui vient à la rescousse, comme une sorte d’antidote. Par management humaniste on entend généralement un mode de gestion des organisations qui fait une place centrale à la confiance, à la bienveillance et à l’autonomie des individus au travail. Mais cette référence à « l’humanisme » installe-t-elle vraiment les hommes et les femmes au premier rang des priorités managériales ou n’est-elle qu’une sorte d’autoinstitution de la bonté des bons, un discours où tout semble aller de soi mais sans incidence réelle sur le fonctionnement de l’organisation ?


Cette question est d’autant plus indécise que l’humanisme, supposé être une notion philosophique par excellence depuis que Jean-Paul Sartre en a fait l’objet capital de son célèbre texte « L’existentialisme est un humanisme », n’est plus tellement célébrée par les philosophes aujourd’hui. Or, Cynthia Fleury, Professeur titulaire de la chaire Humanités et santé au Conservatoire des arts et métiers, signe dans la collection Tract Gallimard 6ème du nom, un essai qui redéfinit la notion d’une manière qui a lieu d’interpeller les managers. Selon la psychanalyste-philosophe, l’humanisme doit être entendu sur un plan éthique et politique, comme un souci de soi tourné vers la communauté, à partir de la notion « d’irremplaçabilité » supposée nous définir en tant qu’être humain. Insister comme elle le fait sur les irremplaçables que nous serions, cela revient pour l’auteur à souligner le caractère vital de la question du soin.


L’humanisme en effet serait d’abord marqué par la volonté non de gouverner mais de soigner, ou plutôt de considérer que le soin demeure la première vocation du gouvernement. Le soin serait en quelque sorte le socle de solidarité fondateur de l’Etat de droit. Un soin qui nous constituerait comme sujet aussi, car « il n’y a pas de maladie mais seulement des sujets qui tombent malades » (p. 30) rappelle l’auteure. Un soin qui serait porteur enfin d’une approche capacitaire de la vulnérabilité, voulant signifier par là le maintien chez le souffrant d’une capacité « à s’informer, (se) former, (se) transformer », et à maintenir une « attention aux idées, à la connaissance et l’attention aux êtres et au monde » (p. 32).


A ce stade deux remarques s’imposent : insister sur la notion « d’irremplaçable », cela revient nécessairement à prendre le contrepied du taylorisme, qui considère que par le jeu des compétences un individu sur la chaîne de montage est interchangeable à tout moment. Quant à l’évocation du soin elle renoue en réalité avec le management pré-taylorien puisque « prendre soin » c’était le sens exact du mot management au XVIIIème siècle. Avant de manager des entreprises en effet, le fait de manager s’appliquait à la famille, aux champs et aux chevaux. On manageait les enfants, les sols et les chèvres, il s’agissait alors d’activités très peu technicisées, mais dont le maintien de la vie et la personnalisation des liens entre individus constituaient les critères centraux.


En somme, contre le ressentiment, contre la souffrance au travail, contre la dépersonnalisation des liens le livre s’engage en rappelant qu’en médecine, et on serait tenté d’ajouter en management aussi, rien ne serait pire que de vouloir « techniciser son expertise » (p. 24). La vérité médicale n’est pas comparable à une pure vérité scientifique ou technique, car dans ce cas elle ne serait plus qu’une sorte de connaissance informatique. D’où la naissance de cette chaire de philosophie à l’Hôpital Sainte-Anne que dirige Cynthia Fleury en introduisant les humanités auprès des médecins et des personnels soignants selon l’ambition d’une approche existentielle et « globale du soin » (p. 22)


On notera ici, là encore, que le parallèle avec le management n’est pas difficile, si je puis dire, à « opérer » : les algorithmes viendront bientôt remplacer les managers dans leurs fonctions de contrôle et de planification certes, mais jamais ils ne viendront les concurrencer sur les enjeux de motivation et de sens du travail. C’est pourquoi il faut défendre une vision holiste, existentielle et globale du management, et pour cela rien de plus urgent, ni de plus agissant à long-terme, que de réintroduire l’enseignement de la philosophie dans la formation de ses futurs praticiens.


D'APRÈS LE LIVRE :

Le soin est un humanisme

Le soin est un humanisme

Auteur : Cynthia Fleury
Date de parution : 16/05/2019
Éditeur : Gallimard
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