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Manager, c'est tracer des lignes

Publié le lundi 13 novembre 2023 . 4 min. 00

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Et si le management n’était rien d’autre qu’un entrecroisement de lignes ? Lignes de front, au moment d’établir une stratégie ; prendre l’avantage concurrentiel sur un marché revient en effet à imposer sa ligne au détriment d'une autre. Des lignes de conduite quand il est question d’établir les règles de vie et de comportement dans l’entreprise. Des lignes de compte au moment d’établir l’inventaire. Des lignes de montage quand il s’agit d'agencer un protocole d’exécution industriel. Ou encore des lignes de crête quand les décideurs ne savent quelle direction prendre, ou hésitent simplement entre les alternatives qui leur sont proposées. Même les carrières pourraient être représentées avec des lignes, ascendantes pour ceux qui montent dans la hiérarchie, ligne descendante pour les autres. Ligne de fuite enfin pour ceux qui perdent leur emploi. Il se pourrait même que pour distinguer le manager du leader, rappeler que le second est toujours en première ligne suffise à dire l’essentiel. En bref, pas moyen d’échapper à ces trajectoires, aux maillages dynamiques et réticulé de lignes sans cesse combinées que sont, si l’on veut y regarder de près, toutes les organisations. Planifier, organiser, décider, contrôler cela revient toujours à dessiner des lignes, de montage, de conduite ou d’action. Les organisations ne sont jamais rien d’autre que l’ensemble des lignes tracées par leur propre mouvement.


Vous vous souvenez peut-être que, dans une vidéo précédente, j’avais déjà insisté sur le fait que Platon en personne considérait que le gouvernement des hommes ressemblait à l’art du tisserand consistant à « entrelacer la chaîne et la trame ». Ici, grâce à l’anthropologue britannique Tim Ingold et à son essai « Une brève histoire des lignes », nous poursuivons cette idée selon laquelle (p. 137), « la vie n'est pas enfermée dans des points mais se développe sur des lignes »… lesquelles seraient détentrices, ni plus ni moins, que du « pouvoir de changer le monde » (p. 10). Trois principaux traits de son raisonnement peuvent être avancés :


-d’abord il faudrait distinguer deux sortes de lignes, les fils et les traces, qui seraient intimement liées (p. 63) : les fils se manipulent grâce à un habile mouvement des mains, comme toute activité de pilotage, tandis que les traces sont comme des marques « durables laissées dans ou sur une surface solide » (p. 62). Fils et traces entretiendraient des rapports sous la forme de coupures, de fissures ou de pliures.
-ensuite, Ingold nous fait prendre conscience que (p. 197), « la ligne droite s'est imposée comme une icône (…) et un indice du triomphe de la pensée rationnelle et intentionnelle sur les vicissitudes du monde naturel ». Or indique-il plus loin (p. 210), « le tracé d'une ligne droite comporte toujours un risque. D'abord, la règle peut glisser. Ensuite, la distance précise de la ligne qui part du bord de la règle dépend de l'angle d'inclinaison du stylo, qui a tendance à dévier lorsqu'on trace la ligne à la main. » En bref, nos lignes de vie ne sont pas aussi droites que nous le pensons généralement.


-enfin, les lignes seraient déterminantes dans notre monde au sens où elles dessinent les territoires et inspirent nos manières de séjourner, sur le mode de l’habitation où nous apprenons en pérégrinant, ou sur le mode de l’occupation, dans lequel « la connaissance s'appuie sur une distinction radicale entre la mécanique du mouvement et la formation du savoir » (p. 119).


Manipuler des fils, tracer des lignes pour nous connecter au monde, apprendre en suivant son propre chemin, voilà une philosophie pour le management qui peut se lire entre les lignes, elles qui ne cessent de s'entrelacer. Piloter une entreprise, c’est tirer les ficelles, ce qui suppose au préalable de les connaître. Mais diriger une affaire c’est plus encore savoir faire bouger les lignes : dissolution des traces qui deviennent des fils, reconstitutions des fils qui deviennent des traces à leur tour. Tout se passant comme si, pour singer l’artiste Paul Klee cité dans l’ouvrage, le management était un entrecoupement unique de lignes « qu’on emmène(rait) en promenade ».


D'APRÈS LE LIVRE :

Une brève histoire des lignes

Une brève histoire des lignes

Auteur : Tim Ingold
Date de parution : 01/11/2013
Éditeur : Zones Sensibles
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