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L’échec du parti environnementaliste aux dernières élections a une nouvelle fois montré que l’urgence écologique n’avait pas permis de bouleverser la donne politique, toujours engluée dans l’opposition droite/gauche ou plutôt : projet libéral versus projet socialiste. C’était précisément cette opposition idéologique que tentait de dépasser le philosophe Bruno Latour – qui nous a hélas quitté en Octobre dernier – dans son best-seller « Où atterrir ? », déjà commenté sur ce plateau. Il y renouvelait alors brillamment les concepts pour tenter de mieux comprendre la situation, la nôtre, et de tous ceux qui selon lui seront bientôt « privés de Terre ». Or avant de disparaître, et de susciter une grande émotion notamment au sein de la scène intellectuelle française mais pas seulement, Latour nous a laissé avec un texte, ou plus exactement un Mémo co-écrit avec un jeune doctorant en géo-sociologie, Nikolaj Schultz., dont la teneur est plus nettement militante. Un Mémo sur le modèle indique-t-on d’une note diplomatique, visant à établir les conditions de possibilité d’émergence d’une « classe-pivot », terme notamment emprunté à Norbert Elias, qui soit le moteur de renversement des classes dirigeantes actuelles.


Car le but avoué de ces 76 paragraphes répartis en dix chapitres est bien celui-là, définir les termes d’un nouvel imaginaire politique qui vise la prospérité entendue comme un « enveloppement » terrestre plutôt que comme un développement. Et préparer ce qui se présente comme un « changement de régime ». Ce nouveau sens commun suppose un nouveau langage, qui ne se contente plus des mots anthropocène, ressources, fin du monde ou décroissance, ne serait-ce que pour susciter l’enthousiasme dont l’écologie politique a tant besoin. Classe écologique et nouvelle cosmologie sont deux expressions-clés de ce nouveau langage :


- La classe écologique c’est celle qui est supposée conquérir le pouvoir et l’hégémonie au sens gramscien, c’est-à-dire sur le plan des idées et de la culture, avant d’être possiblement en mesure d’éclairer la décision politique. Ce terme à forte connotation marxiste leur paraît se justifier pour évoquer les activistes, ces « frères de lutte » (p. 15), qui n’appartiennent pas forcément à la même classe sociale et qui pourtant partagent le souci d'illuminer la situation où nous sommes, présentée comme un « état de guerre écologique » (p. 13). Il s’agit encore, page 85, de « métaboliser les formidables effets du Nouveau Régime Climatique », de se préparer à vivre une situation « où les mesures à prendre seraient cent fois plus contraignantes que durant la pandémie » (p. 91). Mais aussi, et surtout, de désigner l’ennemi. Car le Mémo en question se présente comme un outil qui « implique la division » (p. 12) et assume le conflit. « Parler de la nature, ce n'est pas signer un traité de paix » clament les deux auteurs, « c'est reconnaître l'existence d'une multitude de conflits sur tous les sujets possibles de l'existence quotidienne, à toutes les échelles et sur tous les continents. Loin d'unifier, la nature divise » (p. 12).


- Aussi la notion de « nouvelle cosmologie » est importante car elle inspire les conditions d’une nouvelle habitabilité. Une nouvelle cosmologie qui tente de sortir du paradigme productif et du progrès pour lui substituer cet « enveloppement », où « la propriété n’est pas celles des humains sur le monde mais d’un monde sur les humains » (p. 44), et que les auteurs appellent de leurs vœux.


Comme on le voit, ce petit texte surprend par sa radicalité à peine entrevue dans l’ouvrage précédent. En utilisant la notion de classe pour lutter contre le paradigme de la production, en désirant positiver tout en voulant faire la guerre, en refusant une écologie punitive et répressive mais la laissant décider « par elle-même ce qui est ‘progressiste’ et ce qui ne l'est pas » (p. 38), il n’est pas tout à fait certain que ce programme parvienne à sortir des passions tristes du temps présent et aux objectifs qu’il se donne : susciter l’enthousiasme et mettre fin à l’éco-anxiété en redéfinissant pas moins que « le sens de l’histoire ».


Mais peut-être est-ce trop demander à ce texte vite expédié qui se présente en effet « sans nuance ni notes ». « Ce n'est que dans un épais brouillard que nous pouvons deviner l'émergence de cette classe écologique » écrivent les auteurs qui ont bien raison sur point (p. 94). Un brouillard que dissipait toutefois le texte précédent « Où atterrir ? », dans une sorte de testament philosophique déjà commenté sur ce plateau, lequel se concluait notamment sur un atterrissage en Europe, en tant que zone politique du commun terrestre.


Une Europe existentielle et presque métaphysique, qui redéfinissait dans le même temps un humanisme écologique en rappelant l’origine du mot humus qui signifie la terre, le sol, mais, aussi, l’humilité.


Publié le jeudi 16 février 2023 . 4 min. 34

D'APRÈS LE LIVRE :

Mémo sur la nouvelle classe écologique

Mémo sur la nouvelle classe écologique

Auteur : Bruno Latour et Nikolaj Schultz
Date de parution : 06/01/2022
Éditeur : Empêcheurs de penser en rond
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