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Quand on est chef d’entreprise ou cadre ou consultants, pourquoi lire ? J’essaie depuis cinq ans de donner quelques arguments pour. En essayant d’enrichir la pratique managériale en tirant parti d’essais philosophiques, auprès de vous qui écoutez ces chroniques, vous qui ne les écouteriez pas si vous n’étiez pas déjà persuadés qu’il faut lire en effet. L’audience ici est composée de managers attentifs au monde des idées et curieux intellectuellement. Je me fais donc ici le médiateur entre des philosophes ou des chercheurs en sciences sociales qui s’adressent à leurs chers lecteurs, mais qui ne s’attendent pas à avoir des décideurs économiques parmi eux. Et un public qui a perdu l’habitude de lire faute de temps pour s’y consacrer mais qui en revanche ne méconnait pas la puissance des idées et de l’ironie philosophique pour décrypter et réinventer les organisations. Et plus encore pour donner du sens au travail, comme on dit un peu abusivement aujourd’hui.


Cette rubrique tente à sa manière de défendre somme toute le pouvoir du livre, étrillé qu’il est par la concurrence des images, en retournant cette concurrence contre elle-même au bénéfice de votre amour – platonique ou non – pour le monde des livres, de la langue et du concept. Rubrique qui montre combien la lecture n’est pas autant qu’on le croit d’ordinaire un exercice solitaire, qu’elle est aussi un théâtre où s’entendent de multiples voix, celle du texte, celle de celui qui lit et bien sûr celle de l’auteur(e). Le tout dans une polyphonie que tente de décrypter dans un livre récent le philosophe et musicologue Peter Szendy. En d’autres termes la créativité et l’inventivité du lecteur, en qui opère déjà une différence entre une présence à soi et une distance interprétative, ne compte pas moins dans l’acte de lire que le texte et son concepteur. Acte de lire dans lequel se combinent des « voix lisantes comme autant de forces qui composent un équilibre provisoire où se négocie…», finalement, « une politique de la lecture » (p. 14). Une expression empruntée à Michel de Certeau que Szendy conserve dans son livre édité à la Découverte et dans lequel il insiste sur au moins deux points :


-d’abord il faudrait admettre que la lecture est un champ de force. Lire un texte c’est d’abord accepter un commandement catégorique qui consiste à cesser toute activité pour lire justement. Il faut lire. Il y a une violence de la lecture, une injonction à lire et à se taire devant le texte.  Szendy fait d’ailleurs référence à un dispositif turc obligeant un condamné pour « ébriété et tapage (…) à lire pendant une heure et demie par jour sous surveillance policière » (p. 15).  Même chose aux Etats-Unis, dans l’Etat de Virginie en 2017, où ont été condamnés des adolescents gravement fautifs – pour inscription de slogans suprémacistes et nazis dans un cimetière – à lire trente-cinq livres signés d’auteurs comme Élie Wiesel, Toni Morrison ou Hannah Arendt.


-aussi Peter Szendy s’intéresse aux manières de se saisir d’un livre en observant l’univers des bookstubers sur youtube qui offrent des expériences inédites : « marathons de lecture », clubs de lecture silencieuse (p. 189) ou clips vidéo dédiés « aux visages des lecteurs et à leurs expressions pendant qu'ils lisent » (p. 189). Loin des « injonctions à lire » constatées plus haut (p. 54), ces expériences renouent avec les « valeurs sémantiques » de la notion évoquées page 109 qui fluctueraient notamment entre ‘réunion’, ‘recueil’ ou ‘rassemblement’. Bref une lecture authentique présumerait bel et bien la présence d’un « nous ».


Cette présence multiple, c’est celle qui répond le mieux à la question posée aux managers : « Pourquoi lire ? » Comme le management des organisations, la lecture se pratique en fait toujours à plusieurs. Elle n’empêche pas de faire des erreurs, mais nous enseigne un savoir-faire avec les différences, un savoir-feuilleter entre les nuances, elle nous met en face de la multiplicité des voix du monde ambiant. « Lisant » écrit Szendy, « je me laisse traverser par une voix qui s'énonce pour toi, même lorsqu'il semble que moi et toi ne faisons qu'un avec cette voix qui parle pour nous et en nous » (p. 13).


Publié le jeudi 9 novembre 2023 . 3 min. 48

D'APRÈS LE LIVRE :

Pouvoirs de la lecture

Pouvoirs de la lecture

Auteur : Peter Szendy
Date de parution : 18/08/2022
Éditeur : La Découverte
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