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Réinventer la pensée écologique

Publié le lundi 26 août 2019 . 3 min. 49

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Faire son tri sélectif, cesser d’aller à la boucherie, utiliser son vélo plutôt que sa voiture, enfin voter écolo, telles semblent être les possibilités d’action individuelle pour qui s’intéresse à la protection de la planète. Mais sera-ce suffisant ? Pour le philosophe Timothy Morton, ce grand ami de la chanteuse Björk, qui a d’ailleurs inspiré quelques-uns de ses concepts philosophiques, et de l’artiste Olafur Eliasson avec lequel il entretien un long dialogue, la réponse est clairement négative. L’heure serait-elle à l’effondrementalisme, ou, comme on voudra, à la collapsologie ? Eh bien pas pour ce philosophe aux allures de star du rock qui nous invite plutôt à l’initiative philosophique et conceptuelle. Il s’agit en effet pour lui de réinventer l’esprit écologique, la société écologique, la conscience écologique en pensant plus grand. Selon lui en effet la pensée écologique sera grande, ou ne sera pas. Et ce selon trois axes :


-d’un part il faut partir de l’idée que le monde n’a pas de centre. Rien ni personne n’est parfaitement indépendant de ce qui se passe en lui et hors de lui. Nous nageons en pleine interactivité. Pour Morton il convient donc de faire place à la notion « d’hyperobjet », qui a fait sa réputation sur la scène philosophique internationale. Celle-ci qualifie une nouvelle façon de se représenter le monde à partir d’entités, les « hyperbobjets » donc, qui ne peuvent être saisis qu’au travers du jeu d’interactions où ils subsistent, et sur lesquels nous n’avons guère de contrôle. Ils sont en effet partout et nulle part : le réchauffement climatique en est un exemple, ou encore le polystyrène, ce polymère diffusé de manière contingente, et proprement inquantifiable, dans de multiples choses comme les plages ou les intestins de nombreux d’animaux.


-la deuxième direction proposée consiste à cesser de penser le monde de demain en terme de restrictions. « Le plaisir capitaliste n’est pas mauvais parce qu’il serait trop agréable mais parce qu’il ne l’est pas assez » écrit Morton. Non pour louer le système tel qu’il est mais pour exprimer un changement de perspective de la pensée écologique dans une direction qui ne se limiterait plus aux déséquilibres de la planète.


-enfin le philosophe anglais affirme que l’action écologique devra se débarrasser de l’idée de nature, laquelle nous empêcherait de saisir la densité de cette coexistence profonde. La nature nous fait penser qu’il y aurait des agissements contre-nature, argument traditionnel des positions racistes ou sexistes : la pensée écologique à l’inverse nous enseigne que l’arrière-plan que constitue la nature n’a au fond jamais existé et n’existera jamais plus. Car à la fin des fins l’Anthropocène c’est bien cela : sans cesse impactés par les activités humaines, la flore et la faune n’ont plus rien de naturels, et leur continuelle transformation rejaillit sur les comportements et sur la vie humaine en général à leur tour. « L’éco-apocalypse présuppose toujours un public » explique-t-il, or, dans la pensée écologique proposée ici, il n’y a ni public distinct de la supposée nature, ni spectacle indépendant de ce que nous sommes nous-mêmes.


Au final, c’est à une ténébreuse « émancipation « sans lendemain » », un « bien sans action de grâce » que nous invite l’auteur, débarrassés que nous serions alors des formes plus inquiétantes encore de l’environnementalisme. Mais c’est précisément là où le bât blesse: car si l’auteur veut replacer l’inquiétude par « l’amour et la compassion », il le fait au nom d’une philosophie qui se charge d’abolir en premier lieu la différence entre vie et non-vie, entre moi et non-moi. Mais alors de quel amour parle-t-il en abolissant au préalable le monde vécu ?


Si Morton ne parvient jamais à l’exprimer dans son livre, c’est parce qu’il voudrait une vie privée de ce qui la constitue pourtant, ses déterminations pathétiques et affectives, cette capacité en effet de s’éprouver elle-même en chacun de nous. Et qui donne suffisamment de sens à ce monde pour que nous souhaitions, si c’est encore possible, le préserver du désastre.

Réf.

Mortin, Timothy (2019), La pensée écologique, traduit de l’anglais par Cécile Wajsbrot, Zulma, Paris.


D'APRÈS LE LIVRE :

La pensée écologique

La pensée écologique

Auteur : Timothy Morton
Date de parution : 07/02/2019
Éditeur : Zulma
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