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Réseaux discrets et face cachée du pouvoir

Publié le vendredi 21 février 2020 . 4 min. 30

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Il faut s’imaginer être sur la Piazza del Campo de Sienne en Italie, là où chaque année se joue le Palio, dans lequel les quartiers de la ville s’affrontent sous la forme d’une course hippique. Sur cette place en forme de coquillage, l’un des lieux les plus magiques en Europe, que voit-on ? D’un côté la majestueuse Torre del Mangia, pour signifier l’équivalence entre les pouvoirs séculiers et religieux. De l’autre la place du marché justement, capable de se transformer en hippodrome quand il le faut, mais surtout un espace où la foule peut se réunir pour marchander, échanger, mener des transactions, bref faire du business, comme on pourrait dire aujourd’hui.


Or, The Square and the Tower c’est le titre du dernier ouvrage de l’historien britannique Niall Ferguson qui revisite l’histoire des grandes transformations du monde occidental, la Réforme, les Lumières, ou la révolution scientifique, à partir de cette image de la force dessinée en deux pôles distincts : les vieilles hiérarchies d’un côté, et les réseaux disruptifs de l’autre.


D’un côté la face émergée du pouvoir, qui peut se voir, qui peut faire peur aussi, qui estime avoir le monopole de l’autorité. De l’autre sa partie immergée, des réseaux multiples, commerciaux, militants, éducatifs ou terroristes qui, pour reprendre une expression de Dickens employée par l’auteur, «  se situent en amont et en aval du fleuve » (p. 28). Et qui surtout fonctionnent sur la base d’affinités, d’intérêts et de liens plus ou moins officieux. Ce sont ces deux forces organisationnelles qui selon l’auteur fabriquent l’histoire, avec un petit et un grand H.


Cette thèse est significative pour l’analyse de la vie organisationnelle car elle rejoint les résultats de recherches menées en gestion sur au moins trois points décisifs :


-le premier confirme la présence, au-delà de l’organigramme officiel, d’une organisation informelle : «  Lorsque les employés accusent leur chef de favoritisme » explique Ferguson, « cela signifie que les relations informelles ont pris le pas sur le processus de promotion institutionnel (…). Quand des salariés de différentes firmes se retrouvent après le travail pour boire un verre, ils passent de la tour verticale de l’entreprise à la place horizontale du réseau social ».


-le second point qui transparait ici, c’est l’importance pour tout leader individuel de renforcer sa « coalition personnelle ». Dans une série de pages réussies sur le cas d’Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’Etat américain, il montre comment celui-ci a passé sa vie à entretenir des liens personnels et intellectuels avec toutes sortes d’interlocuteurs, parfois ennemis de l’Amérique.

 
-le troisième point rejoint la préoccupation de plus en plus flagrante chez les chercheurs en gestion qui consiste à réévaluer l’importance des réseaux dans le succès de toute entreprise ; au point de constater que les hiérarchies elles-mêmes ont les leurs. Nombreux au sein de la communauté scientifique en management, ceux qui observent aujourd’hui que le fonctionnement des réseaux sociaux, indépendants et flexibles, a plus d’importance pour les transformations des entreprises que la vie politique elle-même.


Mais notre historien se distingue ici en essayant justement de trouver une route médiane, se gardant de toute vénération innocente pour les systèmes de pouvoir horizontaux, tout en repoussant fermement toute théorie du complot. Et ce même lorsqu’il met en évidence le rôle mineur des Illuminati, qui ont bel et bien existé en Allemagne à la fin du XVIIIème siècle, dans les processus qui ont mené à la Révolution française. Or c’est justement parce qu’il fut mineur que leur rôle est aujourd’hui reconnu, car comme le fait utilement remarquer Ferguson plus on entend parler d’un réseau, moins il a été efficace. La notoriété d’un réseau est inversement proportionnelle à son pouvoir réel, qui consiste justement à bousculer les hiérarchies.


En résumé, posons la question avec l’auteur lui-même : « Vaut-il mieux aujourd’hui être dans un réseau, qui donne de l’influence, ou dans une hiérarchie, qui donne du pouvoir ? » (p. 12). En fait, le formel et l’informel, le visible et l’invisible, le vertical et l’horizontal toujours coexistent. Quand la confiance n’est pas totale dans une société, mais l’a-t-elle été un jour dans quelque société que se soit, les hiérarchies sont nécessaires. Quand les réseaux d’influence prennent tout le pouvoir, alors les intérêts de quelques-uns prennent le pas sur le bien commun.


Pour paraphraser le maître en philosophie politique que fut Blaise Pascal, nous pourrions dire ceci : la Place a besoin de la Tour pour s’appliquer, la Tour, de la Place, pour se légitimer. La Place sans Tour est contredite, parce qu’il y aura toujours des méchants. La Tour sans la Place est accusée. Il faut donc mettre ensemble la Tour et la Place.

Réf.

La Place et la Tour – les réseaux contre le pouvoir, de Niall Ferguson, traduit de l’anglais par Christophe Jaquet, Editons Odile Jacob, 2019, Paris.


D'APRÈS LE LIVRE :

La Place et la Tour

La Place et la Tour

Auteur : Niall Ferguson
Date de parution : 17/04/2019
Éditeur : Odile Jacob
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