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S'agiter ou se reposer, le dilemme du manager d'aujourd'hui

Publié le mardi 20 juin 2023 . 3 min. 43

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Les débats récents sur la retraite ne laissent aucun doute sur l’importance que nous accordons, dans la France contemporaine, au repos. Que le repos soit l’objet d’un désir n’est toutefois pas un phénomène nouveau en soi : dès les années 1870, s’est développée « la dénonciation des méfaits de l'épuisement, des risques, du surmenage, de la fatigue nerveuse et cérébrale ainsi que la revendication d'un repos capable d'endiguer la prolifération de ces méfaits physiologiques et psychologiques. Ce mouvement multiforme fonde alors la nécessité de la restauration périodique des forces. » (p. 135). Le problème c’est qu’aujourd’hui nous ne savons plus nous reposer et ne savons même plus ce qu’est le repos, peu à peu remplacé par le loisir, c’est-à-dire au fond par une forme d’agitation.


Les éléments mentionnés ici proviennent d’un court essai que l’historien Alain Corbin, grand spécialiste de l’histoire des sensibilités, nous propose au sujet du repos, et dont on pourrait extraire trois remarques principales :


-la première nous rappelle que le repos fut pendant longtemps exclusivement dominical (p. 150). Corbin fait cependant remarquer une différence de taille entre le sabbat rabbinique et le repos du dimanche chez les chrétiens : dans un cas il s’agit du septième jour de la semaine qui doit être consacré à Yahvé, dans l’autre il s’agit en fait du premier jour de la semaine, le premier jour de la Genèse, qui n’honore donc pas l’épuisement du Créateur, car ce serait contraire à la puissance intrinsèque de Dieu. Il rend grâce à son pouvoir de création. Dans un cas le cycle se termine, dans l’autre il commence, mais ici le repos « ne signifie pas ne rien faire » (p. 14).


-la seconde remarque concerne la variété des sens du repos. En musique, le requiem, « accusatif singulier de requies qui signifie ‘repos’ » (p. 22) fut comme un passage obligé pour les plus grands, de Haydn à Mozart en passant par Verdi et Bach, et ce n’est pas par hasard. Mais ici le repos est à concevoir comme repos éternel. Au XVIIIème, le nec plus ultra du repos est la villégiature marine qui précède « l’invention de la plage » (p. 99). Un peu plus tard, précise Corbin, la « vogue de ce mode de villégiature était telle que le terme de « montpellier », en Angleterre, (est) entré dans le langage courant pour désigner un lieu de repos » (p. 100). Tandis qu’à « à la fin des années 1950 », nous assistons à la « décennie du sea, sex and sun, de la vogue des congés payés, du triomphe du flirt » (p. 152). En bref le sens du repos ne cesse de varier et n’a rien d’universel.


-la troisième remarque est paradoxale : alors que le repos est de tout temps théoriquement désiré, il faut constater dans les faits que les hommes s’acharnent à occuper leur temps dans l'excitation du divertissement. Les périodes de confinement des dernières années nous ont prouvé à quel point rien n’était plus insupportable que de demeurer chez soi sans rien faire, sauf à n’avoir de cesse de se divertir avec tous les moyens dont nous disposons : plateformes svod, jeux vidéo ou médias sociaux.


Si le repos c’est d’abord se poser, si c’est bien dans « les moments de repos que l'on sait à quoi on pense » comme indique Alain dans un propos daté de 1909, on ne sait finalement plus trop quoi en penser. Ce texte montre que les conceptions du repos de nos aïeuls n’ont pas grand rapport avec les nôtres, mais reste marquées par une ambiguïté que notait déjà Blaise Pascal : « Ainsi s’écoule la vie » disait-il, « on cherche le repos en combattant quelques obstacles, et si on les a surmontés, le repos devient insupportable par l’ennui qu’il engendre. Il faut en sortir et mendier le tumulte ». N'est-ce pas en effet « mendier le tumulte » que de répondre à vos emails durant la nuit, de consulter Facebook avant d’allumer la lumière le matin, de laisser votre portable prêt à sonner alors que vous êtes tout juste arrivés sur votre lieu de vacances ? A Montpellier, ou ailleurs.


D'APRÈS LE LIVRE :

Histoire du repos

Histoire du repos

Auteur : Alain Corbin
Date de parution : 17/03/2022
Éditeur : Plon
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