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Vivre avec les robots

Publié le mercredi 10 novembre 2021 . 4 min. 29

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Serions-nous prêt à vivre avec des robots ? Si l’on en croit une enquête Opinion Way les français seraient partagés, une courte moitié parmi eux indiquant une réponse positive. Mais comme souvent dans les enquêtes de ce genre, le détail se loge dans la formulation elle-même : car, après tout, qu’est-ce qu’un « robot » ? S’agirait-il d’un « esclave », tel un aspirateur, un super-blender ou un babycook, comme l’indique l’origine de l’expression tchèque robota, inventé par la dramaturge Karel Capek en 1920 ? Ou entendons-nous « robots » selon l’acception de plus en plus admise, à savoir de véritables compagnons de route, capables de confiance, de soin à notre égard et pourquoi pas d’amour ? D’un côté des machines automatisés, sans autonomie ni émotions, de l’autre des « substituts », qui certes exécutent à notre avantage toutes sortes de tâches mais d’une manière qui nous ressemble, qui nous séduit.


Cette interrogation est le point d’entrée de l’essai proposé par Paul Dumouchel et Luisa Daminano, respectivement professeurs de philosophie à l’Université de Kyoto et à l’Université de Messine. De fait, vivre avec ces simulateurs de relations humaines, qui nous inquiètent autant qu’ils sont susceptibles de nous accompagner selon les besoins de nos existences, n’est pas sans conséquences en effet.


Conséquences sur la manière de vivre avec ces machines partiellement autonomes : comme l’indiquent les auteurs « créer un aide-soignant artificiel, un compagnon robotique pour les personnes esseulées, ou une nourrice fabriquée qui prend soin des enfants en l’absence des parents, c’est bel et bien introduire au sein de nos relations ordinaires des agents sociaux artificiels qui se substituent à des agents humains » (p. 40). Conséquences également sur la conception même de cette « présence sociale » d’un genre particulier, incarnées par des substituts dotés d’empathie artificielle. En effet c’est bien d’une capacité relationnelle dont ils ont besoin pour fonctionner, avec ce qu’il faut de sympathie, d’altruisme et d’humour pour nous faire embrasser pleinement, et croire, à cette nouvelle « sociabilité ». Car la robotique sociale ne relève pas seulement de la performance technologique, mais oblige ses concepteurs à mieux nous connaître socialement, cognitivement, psychologiquement. Dumouchel et Damiano évoquent par exemple le petit Paro, du nom d’un robot thérapeutique qui ressemble à un bébé phoque du Groenland de 2,8 kilos. Ils expliquent que « de nombreuses études ont montré que Paro a un effet bénéfique sur la santé mentale et physique de personnes âgées. À son contact, elles améliorent leurs capacités cognitives et émotionnelles, de même que leur capacité à gérer le stress » (p. 169-70).


Mais ne rêvons pas trop tout de même. Et ne cherchons pas chez Paro et chez tous ces « êtres artificiels » du même type « une perfection qui nous échappe » (p. 37).  L’horizon qui indiquerait que nous ne serons bientôt plus pour ces machines que ce que les animaux domestiques sont pour nous, paraît encore loin… comme l’indique John Cohen, cité page 62, les « automates actuels » ne savent ni rire, ni rougir. En bref, les robots sociaux, même s’ils sont dotés d’une certaine autorité, condition même de leur relative autonomie, n’ont aucun affect qui leur soit propre, « ils ne ressentent rien » (p. 156). Et les auteurs de pointer à juste titre l’urgence éthique et philosophique auquel font face les concepteurs de ces machines, dès lors que « sur les marchés financiers, dans les transports aériens ou dans des zones de combat », elles doivent être en mesure d’agir conformément au devoir, lequel doit être pensé très en amont.


La référence aux zones de combat peut sans doute inspirer un sujet de réflexion pour l’avenir des organisations. Dans le domaine militaire en effet, les systèmes autonomes ont des atouts à faire valoir : ils sont loyaux, plus rapides et plus efficaces que n’importe quel combattant, et donnent ainsi un avantage militaire certain aux armées qui en sont dotées. Les auteurs s’empressent d’ajouter un paramètre décisif : « l’idée de na pas avoir à partager le pouvoir séduit ceux qui commandent », reconstituant ainsi « l’idéal organisationnel de l’armée » (p. 204).


Ce soldat modèle aura-t-il un jour son équivalent dans le civil, l’employé modèle ? Sans humeur ni reproche, jamais fatigué, ne voulant la place de personne, calme et toujours prêt à l’emploi, précisément, et à qui on pourrait même donner les allures d’un petit chevreau inoffensif. Face à ce petit animal électronique rempli de bonnes intentions, nul doute que, pour le meilleur ou le pire, ce sont nos conceptions de l’idéal organisationnel tout court qu’il nous faudrait alors repenser de fond en comble.


D'APRÈS LE LIVRE :

Vivre avec les robots, Essai sur l'empathie artificielle

Vivre avec les robots, Essai sur l'empathie artificielle

Auteur : Luisa Damiano et Paul Dumouchel
Date de parution : 11/02/2016
Éditeur : Seuil
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