On nous le dit et on nous le redit, nous devons apprendre à manager en environnement incertain. Une chose est sûre dans cet océan d’incertitude, c’est que nous vivons dans un monde en plein mouvement. Il l’en a surement toujours été ainsi. Ce qui est nouveau et de plus en plus intense, c’est que nous en ressentons maintenant le moindre tremblement, la moindre trépidation, à la micro-seconde près. C’est le prix à payer de notre hyper-connexion.
C’est bien cette information en temps réel qui nous donne ce sentiment d’incertitude.
Comment bien manager dans ces conditions ? Quand on sait que le management implique une vision sur l’horizon du long terme, même si celui-ci se situe plutôt à une échéance de 3 à 5 ans pour le plus grand nombre des entreprises ?
Il faut apprendre à passer les trépidations pour avancer le plus sereinement possible malgré elles. Et pour cela il faut utiliser des clés managériales souvent contre-intuitives.
Je vais prendre une image : celle de la conduite automobile. Dans le désert, pour rouler en voiture sur ce qu’on appelle de la « tôle ondulée », il faut rouler le plus vite possible. A très grande vitesse, la route semble plate alors qu’à une vitesse réduite, on a l’impression d’être dans un shaker. Or, le conducteur néophyte aborde toujours la piste très lentement, et s’arrête très vite devant l’inconfort occasionné.
Il en va de même pour le management dans un monde qui nous secoue comme un shaker. Pour aplanir ce sentiment d’incertitude que procure l’information en temps réel, il s’agit d’acquérir quelques réflexes de conduites opposés à ce que l’intuition ou les bonnes pratiques nous souffleraient.
Il y a, pour moi, 7 réflexes à acquérir :
1/ Penser que la Terre est plate. Cette expression provoquante. Elle renvoie à l’idée que, par moment, il est beaucoup plus confortable de ne voir qu’une portion des choses, cela évite de se perdre dans l’immensité de la complexité.
2/ Ne pas regarder le cap. En bon manager, nous avons fixé un cap, il est clair mais il est lointain, il vaut mieux éviter de le regarder mais bien de se fixer des étapes intermédiaires, comme quand on gravit un sommet en montagne
3/ Regarder le chemin parcouru. Certes, le bon manager ne peut se contenter de peu, son ambition est d’atteindre ses objectifs, mais, pour la motivation des troupes, il est bon de temps à autres de se poser, de souffler et de se féliciter de ce qui a été réalisé.
4/ Accepter de désapprendre, et se débarrasser des certitudes et des habitudes. Comme souvent, en randonnée, on part avec beaucoup trop d’objets qui se révèlent vite iinutiles. Voyager léger est essentiel !
5/ Voir dans l’autre un allié. Etre autonome, c’est aussi savoir demander de l’aide. SE donner la main, se faire porter son sac de temps à autres, revoir ensemble le chemin, n’est pas un signe de faiblesse mais au contraire d’efficacité.
6/ Etre malin. En incertitude, il faut savoir recourir aux trucs, aux astuces, en sortant du sentier bien balisé des procédures, des consignes. C’est souvent utile quand les bonnes méthodes du passé ne fonctionnent plus. Comme lorsque le GPS tombe en panne faute de batterie, et qu’on reprend la bonne vieille boussole.
7/ Etre réflexif, c’est-à-dire, se donner le temps au bivouac de se remémorer ce qu’on a fait, de bien, de moins bien pour enrichir la randonnée du lendemain.
Certes, ces principes ne se trouvent pas forcément en bonne place dans les manuels de management ou dans les écoles du même nom. Mais ils sont le fruit de bien des expériences et se transmettent pour ceux et celles qui veulent bien les entendre, de façon folklorique, c’est-à-dire par oral, comme les guides du désert transmettent sur le terrain la technique de la conduite sur tôle ondulée.
Publié le lundi 4 septembre 2017 . 4 min. 18
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