Harvard vs Trump : un combat de titans … mais qui, paradoxalement, regardent dans la même direction !
Je vous propose de décaler un peu le regard du ring.
On a bien compris, tellement le trait est gros et appuyé, que le nouveau président des Etats Unis d’Amérique avait comme dessein de mettre le monde de la connaissance au pas. C’est-à-dire le soumettre à SA vision de l’ordonnancement des choses, ou plutôt au chaos et la relativité de tout.
On ne peut soumettre la Science ou le Savoir mais on peut soumettre les scientifiques, qui ne sont que des hommes et des femmes, même dotés d’un cerveau bien équipé et d’une foi intense dans leur métier.
Il s’agit donc de les faire taire, ou mieux de ne laisser la parole qu’à ceux qui vont dans le « bon sens ».
Il est évidemment hors de question de remettre en cause l’importance de la liberté académique et de l’indépendance.
scientifique, ni sa globalisation ! Et il n’y a pas besoin d’être universitaire pour cela.
Mais le chantage de Donald Trump aux financements nous oblige à regarder de près le modèle nord-américain de la recherche.
Dans ce modèle, la production du savoir coûte très cher !
C’est le choix qu’ont fait les USA depuis des décennies, imposant à l’ensemble des pays de la planète ce modèle d’une recherche coûteuse et luxuriante, créant ainsi des barrières à l’entrée très élevées. Pensez donc : le budget de la seule Harvard est de 6,4 milliards de $ alors que celui de la Sorbonne est de 270 millions d’€ (et l’ensemble de l’ESR français de 31,5 milliards d’€).
Ce coût réside bien sûr dans les investissements matériels que nécessitent de nombreuses disciplines (les sciences dites dures, les sciences du vivant), mais aussi dans le salaire des chercheurs.
Il n’y a pas photo entre le salaire d’un enseignant-chercheur américain et un Français, même si la variabilité est immense, attirant les « meilleurs chercheurs » dans les universités américaines.
C’est donc cette voie financière que choisit Donald Trump. En ce sens, il ne se trompe pas !
On ne peut que constater que de très nombreuses universités sont rentrées dans le rang.
Au nom de la Science ? Au nom des privilèges acquis ?
Seule Harvard se dresse contre ce projet en faisant appel au pouvoir judiciaire.
Paradoxalement, ce combat fondé sur l’exigence du maintien des dotations financières renforce un modèle qui peut être discuté.
Car, comme sur nombre de sujets, dans son incommensurable chaos, Trump nous oblige à nous poser de bonnes questions ?
Ainsi, pourquoi avoir embrassé avec autant de mimétisme le modèle américain de construction du savoir scientifique ? A coup de « publish au perish » ? Et de surenchère de primes et de salaires ?
N’est-ce pas l’occasion pour les chercheurs d’autres pays de développer des modèles alternatifs, plus en phase avec leurs cultures et leur vision de la société ?
Une recherche scientifique plus sobre ? (Ce qui ne veut pas dire pauvre !) Plus centrée sur la production de connaissances (je pourrai ajouter : actionnables ?) et moins guidée par la production de publications. Plus innovante aussi comme on peut le voir pour la technologie dans les pays émergents.
Le bras de fer entre Donald Trump et Harvard est la mise en scène du combat de deux géants … qui portent la même vision du monde scientifique.
Il y a peut-être là, l’opportunité d’une voie alternative ?
Publié le mercredi 28 mai 2025 . 3 min. 52
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