La question des effets économiques du syndicalisme est très ancienne et continue de susciter de nombreux débats dans le monde universitaire et les milieux d’affaires. En effet, l’opinion largement répandue au sein de la sphère managériale est que la présence de syndicats de salariés est néfaste aux performances des entreprises.
Ce discours anti-syndical s’enracine dans la thèse de l’inefficacité économique défendue par les économistes libéraux. Les défenseurs de cette thèse, à l’image des économistes Henry Simons et Milton Friedman, affirment que les syndicats agissent comme des monopoles qui entravent le bon fonctionnement de l’économie en captant indûment une rente, grâce aux augmentations de salaire obtenues par la négociation. L’accroissement des coûts salariaux encouragerait ainsi les délocalisations, la fuite des capitaux et freinerait l’investissement. Dans cette perspective, le syndicalisme est naturellement porté aux stratégies contestatrices et au conflit plutôt qu’au dialogue social constructif.
Or, les nombreuses études existantes amènent à fortement relativiser ces critiques. Les résultats empiriques sont beaucoup trop controversés pour souscrire sans discussion à l’approche économique orthodoxe. En France, les rares études existantes ne décèlent aucun effet négatif et significatif de la présence syndicale sur la productivité du travail ou les profits. Comment peut-on alors l’expliquer ? Une réponse est apportée par Richard B. Freeman et James L. Medoff, deux économistes d’Harvard qui insistent sur le rôle bénéfique que le syndicalisme joue en améliorant la circulation de l’information, en poussant les managers à remettre en question leur méthodes de travail, ou encore en négociant des conditions acceptables du changement... autant d’actions qui peuvent favoriser la productivité du travail et compenser la hausse des coûts salariaux induite par la négociation collective. En fait, les stratégies syndicales sont souvent plus partenariales que ne le suggère les économistes libéraux et sont par conséquent beaucoup moins menaçantes pour l’entreprise.
La recherche des mécanismes pouvant affecter la performance des entreprises a montré que la qualité des relations sociales joue un rôle essentiel. Ces travaux permettent d’expliquer la très grande hétérogénéité des résultats empiriques sur le lien entre le syndicalisme et la productivité du travail par exemple.
Finalement, que reste-t-il des arguments du discours anti-syndical ? Un mythe assez vivace qui perd de sa crédibilité, notamment lorsqu’il s’agit de trouver des alternatives au mode d’expression collective et de réponse institutionnelle qu’offrent les syndicats.
Publié le jeudi 8 décembre 2016 . 2 min. 50
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de Patrice Laroche
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