L’équation économique de la filière de l’économie circulaire du BTP va se compliquer à la suite de la crise de 2020. Entre les chantiers mis à l’arrêt durant le confinement, les obstacles opérationnels au redémarrage de l’activité et les incertitudes sur la suite de la crise sanitaire, les volumes de déchets à traiter vont se tasser pendant de longs mois. De quoi impacter tout l’écosystème de l’économie circulaire du BTP, fournisseurs de matériaux et gestionnaires de déchets compris. Néanmoins, à long terme, ce créneau se révèle porteur. Le durcissement du cadre réglementaire favorise l’adoption de comportements écoresponsables chez les professionnels du BTP. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire instaure également l’obligation de réaliser un diagnostic en amont de travaux de démolition. Objectif : promouvoir l’écoconception pour une déconstruction plus efficace. Les progrès technologiques jouent aussi favorablement. De nouveaux traitements plus performants sont régulièrement mis au point pour mieux prendre en charge les déchets de chantier et les transformer pour de nouvelles applications.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’économie circulaire du BTP rassemble des acteurs variés. On trouve d’abord les géants du BTP, à l’image de Bouygues, Serfim et Vinci qui traitent d’importants volumes de déchets de chantier. Les groupes de services environnementaux comme Veolia et Suez sont naturellement sur les rangs comme les industriels des matériaux de construction à l’instar de LafargeHolcim et Saint-Gobain qui valorisent également des volumes considérables de déchets. Ces industriels intègrent d’ailleurs une grande quantité de matières recyclées dans la production de nouveaux matériaux. Une kyrielle d’opérateurs de taille intermédiaire interviennent aussi dans le domaine, mais aussi des jeunes pousses engagées dans le développement de solutions numériques pour identifier, gérer et tracer les déchets de chantier. La liste des acteurs ne serait pas complète sans les spécialistes du recyclage comme Paprec, Yprema et Corudo, les transporteurs comme Tratel ou encore les éco-organismes comme Valdelia.
Les difficultés financières induites par la crise sanitaire vont à court terme freiner le virage environnemental de la construction. L’entrée en vigueur de la RE2020 a déjà été reportée à l’été 2021 afin de ne pas pénaliser un secteur déjà fragilisé. Néanmoins, la construction modulaire ou la déconstruction sélective pourraient tirer leur épingle du jeu en conciliant réduction des coûts et de l’empreinte carbone. Autre axe de développement majeur, le digital transforme les pratiques en renforçant la collaboration entre les acteurs de la filière. Par exemple, l’émergence de plateformes collaboratives soutient l’amélioration des diagnostics déchets et permet d’accroître les gisements collectés et le taux de valorisation des déchets de chantier. Les fournisseurs de matériaux, eux, tentent de verdir leurs gammes en prévision de l’entrée en application des nouvelles normes et de la hausse de la demande pour les matériaux écoresponsables. Quant aux gestionnaires de déchets, ils multiplient les partenariats avec les entreprises de BTP et producteurs de matériaux de construction pour affiner leur offre dédiée aux déchets de chantier.
On l’aura compris, le greenwashing de la filière du BTP laisse place peu à peu à un mouvement de fond bien plus important… La montée en puissance des critères ESG dans les arbitrages des investisseurs et donc dans les stratégies de croissance des entreprises y est sans doute pour quelque chose…
Publié le jeudi 29 octobre 2020 . 3 min. 34
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