La filière française du biogaz se rapproche doucement de la maturité industrielle. En atteste la massification du parc et des capacités d’injection, l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs et un intérêt croissant des fonds d’investissement. L’État entretient également une réglementation généreuse. Ce soutien public repose grandement sur le projet d’indépendance énergétique en gaz d’ici à 2050. De quoi assurer un avenir à cette filière déjà très dynamique. Le chiffre d’affaires des acteurs tricolores du biogaz a crû en effet de 7% en 2019 pour atteindre 815 M€, contre 109 M€ en 2008. Un boum lié à la mise en service de nombreux équipements de méthanisation à la ferme depuis 2017.
Toutefois, la baisse des tarifs d’achat proposée par la dernière programmation pluriannuelle de l'énergie crée des remous. Ces tarifs vont passer de 95€/MWh à 67€ en 2023 puis 60€ en 2028. Une baisse qui pourrait nuire à la rentabilité des nouveaux projets et donc à l’expansion du biogaz en France. Sauf si la filière parvient à améliorer sa compétitivité-coût, en particulier face au gaz naturel. Mais la tâche est ardue car le gaz naturel s’échangeait fin 2019 autour de 25€/MWh. Bref, les entreprises de la filière doivent encore faire la démonstration de la pertinence technico-économique de la technologie de valorisation du biogaz à l’échelle industrielle. Au-delà de cet enjeu, se pose la question de l’acceptabilité sociale à laquelle les exploitants doivent répondre. Car en effet, la multiplication des unités soulève une opposition de plus en plus systématique des riverains pouvant retarder le démarrage ou conduire à l’abandon des projets.
Pour l’heure, les entreprises de la filière donnent la priorité à l’amélioration du rendement énergétique global des installations. Trois leviers sont activés dans ce domaine. L’accroissement du taux de valorisation par optimisation des techniques de traitement des intrants s’avère une option possible. C’est la voie empruntée par Waga Energy, qui a développé une technologie de double épuration valorisant 90% du méthane contenu dans le biogaz de décharge. Elle offre ainsi un rendement énergétique trois fois supérieur aux solutions de brûlage. Autre levier : l’augmentation de la taille moyenne des installations pour réaliser des économies d’échelle. Les acteurs investissent également dans la R&D pour lever les verrous des techniques actuelles voire même pour développer les technologies de demain à l’instar de la pyrogazéification. En plus de ces questions technico-économiques, les entreprises de la filière explorent de nouveaux horizons pour développer leur activité. Deux segments de marché semblent à fort potentiel selon l’étude Xerfi-Precepta : la méthanisation des boues d’épuration et la méthanisation à la ferme. Quant à l’international, il se révèle un axe de développement d’intérêt surtout pour les entreprises positionnées dans les segments les plus matures comme la valorisation du gaz de décharge.
Publié le mardi 17 mars 2020 . 3 min. 29
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