Le secteur de la formation privée est sous tension. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil sur l’analyse financière réalisée par les experts de Precepta dans leur étude. Que voit-on ? Hé bien que les marges des organismes de formation professionnelle fondent depuis 2010. A l’origine de cette dégradation des performances financières : une croissance du chiffre d’affaires au point mort depuis 2011 en raison notamment du prix des services de formation professionnelle qui stagnent, voire reculent, depuis 5 ans. Il faut dire que les facteurs de tension et de mutation ne manquent pas entre l’intensification de la concurrence, les pressions des donneurs d’ordres, le contexte macroéconomique tendu mais aussi les changements réglementaires et les nouveaux modes d’apprentissage numériques. Face à ces nouvelles conditions de marché, on aura compris que les organismes de formation professionnelle doivent se réinventer.
Notre analyse du jeu concurrentiel montre que le secteur se compose de trois grandes familles d’acteurs qui se livrent une dure concurrence. La première regroupe les organismes publics comme l’AFPA - l’association pour la formation professionnelle pour adultes ou encore les établissements secondaires dispensant de la formation professionnelle aux adultes dits Greta. La deuxième famille regroupe les organismes privés et la troisième les associations. Ces acteurs ont opté au choix pour un positionnement multisectoriel (comme l’AFPA, Demos et Cegos) quand d’autres privilégient la spécialisation, comme l’AFTRAL dans le domaine des transports et de la logistique. Des opérateurs spécialisés qui sont les principaux challengers du secteur. C’est ainsi qu’Abilways ambitionne d’atteindre 100 M€ de chiffre d’affaires en 2016, grâce notamment à des opérations de croissance externe. Les entreprises de travail temporaire mais aussi des opérateurs étrangers ont également pris pied dans le secteur. L’étude de Precepta souligne également que la digitalisation du métier s’est accentuée sous l’effet de la réforme de la formation professionnelle et de la création du CPE – du compte personnel de formation. C’est le sens du partenariat signé entre Demos et l’éditeur de logiciel Teach On Mars en 2015 pour créer des solutions de formation digitale pour appareils mobiles.
Pour s’imposer sur leurs marchés, les organismes de formation professionnelle peuvent actionner plusieurs leviers. Les experts de Precepta considèrent ainsi qu’ils doivent miser sur la qualité. Ce qui implique de cerner les besoins des clients et de développer une pédagogie innovante. C’est le seul moyen pour enrayer la spirale déflationniste qui touche le secteur et pour faire face à la nouvelle réglementation. Une autre piste à creuser est celle de l’élargissement de l’offre pour accompagner le client dans son développement au-delà de la simple formation. Enfin, ils doivent absolument prendre le virage digital. A cet effet, la profession peut notamment compter sur les outils numériques, et en particulier mobiles. Une telle démarche suppose de mettre le client au centre de leurs modèles d’affaires. Mais ce virage stratégique est délicat. Faute de pouvoir compter sur les seules ressources internes, les opérateurs devront en effet apprendre à travailler main dans la main avec d’autres acteurs complémentaires. Ils auront enfin tout intérêt à bâtir une marque forte pour éveiller l’intérêt des clients.
Philippe Gattet, Les organismes de formation privés, une vidéo Precepta Stratégiques.
Publié le mardi 4 octobre 2016 . 3 min. 38
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