Dans les entreprises, il existe une richesse insoupçonnée : il s’agit des aptitudes des employés pourtant inexploitées dans les tâches du quotidien. Pour en parler, Xerfi Canal a reçu Jean-Jacques Ballan, président fondateur d’Aptimum.net.
Donc le CV n’est pas un instrument suffisant pour cerner les traits de personnalités qui seront bénéfiques pour l’entreprise ? Il faut aller plus loin ?
Oui, l’entreprise vit aujourd’hui un véritable paradoxe : elle sait que c’est par l’innovation et l’audace de ses membres qu’elle peut trouver le chemin de la croissance et de la pérennité. Et dans le même temps elle a tendance à enfermer les gens dans des cases, en fonction de leurs diplômes et de leurs compétences professionnelles. C’est d’ailleurs accentué dans les périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement. En recrutant des «clones», elle crée des situations de conservation qui compliqueront, le moment venu, les efforts d’adaptation aux changements de l’environnement. C’est pourquoi il est nécessaire et urgent, au-delà de leurs compétences, de s’appuyer sur les aptitudes fondamentales des salariés.
Quelle distinction faites-vous entre aptitudes et compétences?
Les compétences constituent un ensemble de savoirs et d’expériences nécessaires à la réalisation d’une action et validées sur le terrain. Les «aptitudes» sont des traits de personnalité qui nous permettent de gérer notre propre énergie et celle qui provient de notre environnement. Les compétences peuvent renforcer des aptitudes, mais elles ne peuvent pas les remplacer. Un cadre par exemple aura l’aptitude à entrer en relation empathique avec les autres, un autre la compétence d’ animer efficacement une réunion. L’idéal, c’est d’avoir les deux en un!
Quelles sont ces aptitudes que les entreprises n’ont pas le réflexe de déceler ?
Cela peut être aussi bien le sens de l’écoute, la disponibilité aux autres, l’appétit pour la nouveauté, l’aisance à saisir les situations complexes, le discernement entre l’urgent et l’important, le sens de la médiation, les facultés d’enthousiasme et d’anticipation, la dynamisation des équipes,...
Chacun de nous est porteur de ces aptitudes, peut-être à des degrés divers, mais c’est une sorte de «dotation naturelle» que nous nous devons de faire fructifier.
Comment faire pour les révéler ?
Ce qui donne le sens, c’est la confrontation. Une confrontation à deux niveaux. Premièrement, face aux autres, et deuxièmement, face à soi-même. C’est dans ces deux contextes que les aptitudes se révèlent. C’est pourquoi avec Aptimum nous utilisons des méthodes individuelles (questionnaire, accompagnement...) et collectives (à travers des jeux de groupes). C’est la synthèse de ces approches qui permet à chacun de définir sa «fleur d’aptitudes».
En quoi déceler ces aptitudes peut être bénéfique pour l’entreprise ?
Cela permet tout simplement de croiser la culture et la stratégie de l’entreprise avec le parcours du salarié. Pour moi la notion clé, c’est la «projectoire» de la personne, contraction de son projet et de sa trajectoire. Elle doit s’appuyer en permanence sur un double questionnement : «Je suis capable de...» et «Je suis attiré par...». Dans la mesure où les réponses à ces deux questions sont cohérentes avec les besoins et les opportunités de l’entreprise, vous retrouvez naturellement la motivation et l’enthousiasme qui sont le véritable multiplicateur d’efficacité économique et sociale.
Jean-Jacques Ballan, Déceler les aptitudes insoupçonnées de ses collaborateurs, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 29 septembre 2014 . 4 min. 08
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