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Monde 2012-2017 : le rééquilibrage n’est pas fini

Publié le mardi 6 décembre 2011 . 11 min. 07

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Les prévisions économiques de Xerfi 2012-2017 en vidéo sur Xerfi Canal.

Alexandre Law, directeur de Xerfi Global

Trois ans après la grande panne de l’économie mondiale, aucun problème de fond sur les déséquilibres internationaux n’a été réglé. Il ne faut donc pas s’étonner de la rechute des pays avancés. Ces déséquilibres sont le reflet des antagonismes entre les modèles de croissance. Ils se lisent à travers les balances courantes. Comme vous pouvez le voir, d’un côté, nous trouvons un modèle américain, archétype du monde globalo-financier. Il repose sur la force de la finance, la consommation, le sacrifice de l’industrie. Il est archi-déficitaire. Pour 2011, le déficit de la balance la balance courante devrait approcher 470 milliards de dollars. La zone euro apparait par contraste quasiment à l’équilibre.  Mais cette balance équilibrée masque d’énormes disparités entre le Nord et le Sud. Mais la carte révèle aussi des zones archi-excédentaires. D’abord vers l’orient. La Chine, pourtant grande importatrice de matières premières, dégage un excédent courant de plus de 360 milliards de dollars. C’est la conséquence logique d’une stratégie mercantiliste, où la consommation intérieure est mise sous pression pour préserver la compétitivité à l’exportation. Mais il n’y a pas que la Chine. Il n’y a pas que des pays émergents. Dans la même région, la Corée et le Japon dégagent également des excédents importants. Près de 150 milliards de dollars pour le Japon : . Mais ces excédents paraissent presque insignifiants lorsqu’on les compare aux 540 milliards des pays pétroliers, de véritables pays rentiers. Mais les rentes naturelles ne sont pas toujours suffisantes pour demeurer excédentaires. Ainsi, le Brésil, pourtant très gâté par la nature, présente un solde fortement déficitaire. C’est aussi le cas de l’Inde : exporter des services ne permet pas d’équilibrer la balance courante. Le Brésil et l’Inde, deux pays qui ne partagent que peu de caractéristiques communes avec la Chine mercantiliste et la Russie rentière. Non, décidément, rassembler ces pays sous l’expression de « BRICs » ne signifie pas grand-chose en termes économiques. Le monde est parcouru de déséquilibres, avec des zones excédentaires, d’autres déficitaires. Mais la somme mondiale des balances courantes est obligatoirement égale à zéro, par définition. Schématiquement : la Chine et les pays rentiers financent le déficit américain. A contrario, le déficit américain est indispensable pour absorber les excédents. Pourtant, ce subtil équilibre est aujourd’hui menacé.  La Chine n’a pas vocation à changer de modèle : elle veut continuer d’empiler les excédents.  C’est peut-être en Europe que se joue la remise en cause de ce subtil équilibre. L’Europe sous leadership allemand veut transformer les déficits de la zone euro sud en excédents   Si le monde avait trois grandes zones excédentaires (l’Asie mercantiliste, les pétroliers rentiers, et la zone euro), alors il serait indispensable que les Etats-Unis contrebalancent ces montagnes d’excédents, en consommant plus, en s’endettant plus, et en inondant encore davantage le monde en dollars. . Dans ce monde globalisé aux interrelations folles, il suffirait que les Etats-Unis refusent d’être ce déficitaire en dernier ressort pour que la croissance mondiale plonge. Si on ne sait pas trop bien qui va consommer dans le monde de demain, on sait au moins qui produit. Au cours de la dernière décennie, le centre de gravité de l’industrie mondiale a progressivement basculé vers les pays émergents. Aujourd’hui ils représentent 52% de la production mondiale contre à peine plus d’un tiers il y a dix ans. Force est de constater que la manne industrielle n’a pas été équitablement répartie.  D’un côté on a les pays émergents d’Asie, emmenés par la Chine, dont la production a été multipliée par 3 depuis 2000. Et si elle a autant réussi, c’est parce qu’elle à pris des parts de marché pas seulement à l’Europe – de l’Ouest comme de l’Est -, mais aussi et surtout à ses rivales….latino-américaines. Une Amérique Latine qui s’est relativement désindustrialisée au cours des dernières années. Le miracle économique du Brésil des années Lula, c’est avant tout le miracle de la flambée des cours des matières premières agricoles. Mais contrairement aux idées reçues, son industrie n’a que modestement décollé,  tout comme celle, d’ailleurs, de l’Afrique et du Moyen-Orient. L’avantage compétitif de la Chine est cependant de plus en plus fragile. Fragile parce qu’elle a beaucoup misé sur les biens de consommation qu’elle vendait de moins en moins chers à des consommateurs occidentaux toujours avides de prix plus bas.  Mais cette stratégie est menacée par la flambée des salaires et de l’inflation. Les autorités ne peuvent que céder sur les salaires pour acheter   paix sociale et la pérennité du régime. Le modèle chinois est fragile enfin parce qu’il a beaucoup misé sur une sous-évaluation de sa monnaie. Mais même là, la Chine doit céder : petit à petit le cours réel du yuan s’apprécie face au dollar et à l’euro. Le made in China devient de moins en moins compétitif. . Du reste, la Chine est en train de céder du terrain sur les produits d’entrée de gamme : les donneurs d’ordre sont de plus en plus amenés à délocaliser de Chine les productions à faible valeur ajoutée. Pas en Europe, bien sûr, encore moins en France. Mais dans d’autres pays émergents comme l’Indonésie, le Vietnam ou le Bangladesh. La Chine doit désormais impérativement monter en gamme et modifier son modèle de compétitivité, mais sans vouloir renoncer à sa stratégie mercantiliste : désormais moins compétitive sur les biens de consommation, elle s’est déjà tournée vers les biens d’équipement à plus forte valeur ajoutée, à plus haute technologie. Et pour trouver l’inspiration, elle n’a pas besoin d’aller chercher bien loin, puisque le Japon, puis la Corée, ont déjà suivi ce chemin stratégique. Prenons l’exemple de la Corée du Sud. En 1960, c’était une économie à peine émergente  Elle produisait surtout des babioles et de la sous-traitance pour l’industrie américaine. Sa véritable industrie se limitait  à des produits intermédiaires, comme l’acier. De proche en proche, elle a réussi sa percée dans la construction navale, au point d’en devenir l’un des leaders mondiaux. Malgré des crises violentes, son évolution s’est prolongée vers activités plus sophistiquées. Dans l’automobile, ce qui n’était au départ que de pâles copies de voitures japonaises ou occidentales sont devenues des références de fiabilité dans le monde. Dans l’électronique, la Corée est passée en quelques décennies des gadgets aux produits innovants. Une anecdote significative : le fabricant Lucky Goldstar est devenu le géant LG Electronics, et Samsung concurrence désormais Apple. Même dans le nucléaire, la Corée s’est désormais imposée comme un fournisseur de premier rang. Au fond, si on doit illustrer ce qu’est une stratégie réussie de montée en gamme, il suffit de faire le parallèle entre la Corée et la France.  Prenons le cas du marché des micro-processeurs où un Samsung domine largement le fleuron franco-italien St Microelectronics.  Prenons le cas de l’automobile où un Hyundai-Kia n’a de cesse de grappiller des parts de marché alors qu’un Renault patine.  Prenons le cas d’un Posco, numéro 2 mondial de l’acier  en valeur, alors qu’Arcelor est passé sous l’égide de Mittal.  Prenons le cas enfin d’un Doosan qui fait mieux que résister à un Alstom dans les équipements pour centrales nucléaires. Bref, la Corée a montré qu’à force de volontarisme on pouvait réussir sa montée en gamme sur des marchés pourtant très matures.  Dans l’automobile,  comme dans l’acier, ses exportations dépassent aujourd’hui celles de la France alors qu’elles étaient largement inférieures il y a 5 ans à peine. Bien entendu, si la Chine doit parcourir le chemin déjà suivi par le Japon puis par la Corée, ce  ne sera pas facile.  La maîtrise des technologies dans les biens d’équipement est bien plus difficile à acquérir que dans les biens de consommation ou les biens intermédiaires. Le ratage du TGV Chinois est un sérieux signal d’alarme.  Tout aussi difficile à acquérir est la réputation des marques – on ne construit pas une marque mondiale du jour au lendemain. Tout cela est un processus long, très long même qui peut prendre plusieurs décennies sachant que nul, et surtout pas la Chine, n’est à l’abri d’événements politiques ou géopolitiques qui peuvent déstabiliser l’ensemble. Ce qui laisse une fenêtre d’opportunité pour les entreprises des économies avancées : oui, la Chine opère sa mue vers des biens et équipements plus sophistiquées, et va perdre du terrain dans le bas de gamme. Un terrain qui sera conquis par la cohorte de pays émergents à bas salaires. La stratégie d’un pays avancé n’est donc pas de rentrer dans cette compétition par les coûts, mais d’accélérer à tout prix son avance dans la conception, la production de biens et services sophistiqués et la compétition hors coût face aux nouveaux pays industriels d’Asie.  Mais attention, la Chine, tout comme le Japon et la Corée avant elle, peut s’appuyer sur une ligne directrice claire et sur une vraie stratégie coordonnée par les autorités. Le basculement technologique du monde peut se produire dans les dix ans à venir. Mais pour conclure sur des préoccupations de court terme, nous savons au moins deux choses. La première, c’est que la croissance mondiale va ralentir en 2012, dans le sillage des deux poids lourds que sont les Etats-Unis  et la zone euro. La deuxième, c’est que le découplage n’est qu’un mythe : la croissance de l’Asie émergente pâtira forcément de la baisse de régime de ses principaux marchés clients. Au-delà de 2012, nous n’avons aucune visibilité. Mais si aucun compromis international n’est trouvé pour résorber les déséquilibres, le pire n’est pas sûr, mais plusieurs années de fortes turbulences sont très probables.

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