Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexander Law, directeur de Xerfi Global
Le Japon, présenté comme une économie léthargique depuis 20 ans, c’est un lieu commun. Une économie nippone vieillissante, qui ferait pâle figure face à des voisins hyper-dynamiques comme la Chine ou la Corée. Mais on a bien tort de sous-estimer le potentiel économique de l’archipel. L’économie nippone fait bien mieux que résister. Il a d’ailleurs fallu la tragédie de Fukushima pour reprendre conscience du poids incontournable de l’industrie japonaise dans l’économie mondiale. Avec la panne momentanée des usines nippones, ce sont des chaînes de production partout dans le monde qui ont été mises à l’arrêt faute de pièces détachées. 2011 a été marqué par le premier déficit commercial du Japon depuis 1980. Mais ce mauvais chiffre, c’est l’exception qui confirme la règle. Il s’explique par la paralysie des usines au printemps et la nécessité d’importer plus de gaz après l’arrêt de nombreuses centrales nucléaires. D’ailleurs, la balance courante est restée très excédentaire, grâce aux revenus liés aux investissements japonais à l’étranger! Ainsi, le compte de revenus était excédentaire de plus de 130 milliards d’euros l’an passé. C’est énorme. Et la tendance n’est pas près de s’inverser. Le gouvernement a ainsi encouragé les entreprises japonaises à profiter de la vigueur de yuan pour acquérir des firmes étrangères. Les rachats d’entreprises à l’international ont ainsi doublé en 2011 par rapport à l’année précédente. Toutefois, ce qui fait encore la force de l’économie japonaise, c’est la fidélité des grandes entreprises à leur marché domestique : les Sony, Toyota et autres Toshiba maintiennent leurs activités industrielles cruciales sur le territoire national. Les autorités locales leur rendent la pareille en rendant pour le moins compliqué l’accès au marché des firmes internationales. C’est bien cette solidarité qui a permis à la croissance japonaise de résister aussi bien aux catastrophes du printemps dernier. Au troisième trimestre, le PIB a bondi de 1,4% et nous attendons même un rebond de 2% cette année. Ce qui est frappant dans le cas japonais c’est la cohérence du modèle économique mis en place. C’est presque un cas d’école de gestion du déclin. Voilà un pays avec une population qui vieillit (un Japonais sur deux a plus de 45 ans) et qui diminue. Pas étonnant dès lors que le PIB avance au ralenti depuis de longues années. Mais si l’on rapporte la croissance de la richesse nationale au nombre d’habitants, sur moyenne période, la performance japonaise est meilleure que celle des Etats-Unis ou de la zone euro. Au fond, le Japon est entrée dans une logique de rentiers : il faut, au propre comme au figuré, assurer ses vieux jours. Voilà pourquoi la déflation, perçue comme l’ennemi absolu en Occident, est gérée avec bienveillance : plus les prix baissent, plus le pouvoir d’achat des pensions est préservé. Voilà pourquoi, aussi, il faut exporter et investir à l’étranger : pour accumuler des réserves qui serviront de matelas de protection à l’avenir. Mais à force de protéger ses arrières et ses aïeux, le pays du Soleil levant prend le risque de sacrifier l’avenir.
Alexander Law, Japon : le déclin dynamique, une vidéo Xerfi Canal
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