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Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi

 

L’économiste Patrick Artus a raison : la Chine est déjà en hard landing. La bonne question est donc de savoir si l’on peut envisager un redressement et à quel horizon. On le sait, le compteur « truqué » du PIB officiel chinois indique toujours 7% quand la vitesse réelle est plus proche de 2 : chute de la compétitivité-coût avec la hausse rapide des salaires ; saturation des besoins en logements et en infrastructures, sous-utilisation des capacités de production, dynamique déflationniste, bulles sur les actifs et krachs boursiers, endettement excessif, sont autant d’indices (et la liste n’est pas exhaustive) d’une économie en crise. De crise, non pas cyclique, mais structurelle et durable. Il faut revenir à l’ADN même du modèle qui a fait croissance de la Chine ces dernières années pour prendre la mesure du problème. Le modèle chinois c’est quoi, ou plutôt c’était quoi : la force de son industrie grâce à des entreprises ultra-compétitives spécialisées sur des biens de consommation standardisés d’entrée ou de milieu de gamme là où le faible coût de sa main d’œuvre donne un atout considérable. L’accumulation d’excédents extérieurs bâtis sur une industrie low cost. Des excédents d’autant plus importants que la demande domestique est atrophiée, faibles salaires et sous-développement des institutions sociales obligent. Or que voit-on aujourd’hui ? L’ultra-compétitivité de la Chine a disparu en raison de la flambée des salaires : près de 14% en moyenne par an depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001 : soit une multiplication par 5 en moins de 15 ans. Tout cela dans un contexte de vieillissement démographique, de moins en moins compatible avec l’idée de pays atelier. Certes compte tenue de la base de départ, cela n’a pas été un handicap au début mais maintenant ce n’est plus tenable. Pourtant cette hausse est voulue : elle permet aux autorités d’acheter la paix sociale et assure la pérennité du régime. Surtout, elle devait accompagner 1- de la montée en gamme de la production, là où la compétition se porte davantage sur la qualité que sur les coûts. 2- du recentrage de la croissance sur la demande domestique. Mais on ne manœuvre pas si facilement une telle transition. Car la montée en gamme est un chemin semé d’embuches. Il est facile d’imiter une technologie déjà existante mais c’est autre chose d’aller plus loin et surtout de passer aux process industriels comme le montre la multiplication des incidents : selon China Labour Bulletin, une ONG de Hong-Kong, 27 explosions de site industriels ont été comptabilisés entre début janvier et la fin août. Le niveau d’innovation progresse en Chine et l’effort en R&D s’intensifie année après année mais il reste beaucoup plus faible qu’au Japon ou qu’en Corée. De même, le niveau de qualification de la population reste nettement inférieur à ses deux plus proches concurrents : la part de diplômés de l’enseignement supérieur dans la population active est inférieure à 17% alors qu’elle dépasse les 40% en Corée comme au Japon. Il manque des ouvriers très qualifiés, des ingénieurs mais aussi tout l’encadrement c'est-à-dire les manageurs Enfin c’est une chose de s’imposer dans les productions à bas coût, c’en est un autre de venir déloger les Japonais, les Coréens ou les Allemands dans les biens d’équipement où les Français et les Italiens dans le luxe. Les places sont prises et elles seront chèrement défendues. La Chine est engagée dans un changement profond de son modèle cela la condamne à une longue période de croissance faible.


 

Alexandre Mirlicourtois, Chine : pourquoi la panne sera longue, une vidéo Xerfi Canal TV


Publié le mercredi 16 septembre 2015 . 3 min. 38

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