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Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi

Le Royaume-Uni vit-il un nouvel âge d'or ? A la lecture des comptes nationaux peu de doutes. 2013 a été une année de croissance forte, les performances trimestrielles s'approchant voire dépassant les 3% en rythme annualisé. Autant dire que la zone euro est surclassée avec une pointe à tout juste 1,3% en cours d'année. La conclusion s'emble s'imposer le gouvernement britannique a trouvé la potion magique de la relance face à une Europe embourbée. Avant de poser définitivement ce diagnostic, il convient de s'attarder sur deux points fondamentaux 1- les niveaux d'activité 2- les composantes de la croissance et leurs déterminants.

1. Les niveaux d'activité d'abord car à trop se concentrer sur les chiffres de croissance, le risque est de se laisser aveugler par l'illusion d'optique du dernier point. Et là, deux constats s'imposent. Le premier, le Royaume-Uni n'a toujours pas restauré son niveau de PIB d'avant crise. Il en est encore éloigné de 1,5% environ. Le second, la zone euro fait moins bien, certes, mais n'est pas décramponnée. Elle est à moins de 3% de son pic. A défaut d'être identiques les performances sont donc comparables entre les deux blocs 5 ans après la crise.

2. Les composantes de la croissance maintenant car c'est d'eux dont dépend sa soutenabilité : la consommation des ménages, la construction et la dépense publique sont les 3 grands contributeurs du PIB. Une surprise quand le discours officiel reste du sang, du travail, des larmes et de la sueur. La politique la Banque centrale d'Angleterre est au cœur de ce paradoxe. Une politique de « quantitative easing » ultra agressive qui a fait passer la taille de son bilan de 6,5% du PIB avant récession à 26% en 2013. Un soutien massif à l'économie accompagné d'une politique de taux bas qui a profité aux ménages dont l'endettement est en hausse. Un crédit qui a boosté l'immobilier dont les prix sont repartis à vive allure (+9,2% sur les 12 derniers mois) et ne sont plus qu'à 3,4% de leur sommet historique. Dans un pays où l'effet richesse immobilier est l'un des plus puissants au monde, c'est un sérieux coup de pouce à la consommation.

Une reprise portée par la consommation, elle-même tirée par la formation d'une bulle dans l'immobilier, voilà de quoi relativiser le miracle anglais et expliquer la persistance du déséquilibre commercial. Un bémol qui ne doit pas pour autant voiler certains points forts du redressement britannique. Car le gouvernement a joué sur 2 tableaux. Il a doublé sa stratégie de soutien à la demande d'un renforcement de l'attractivité fiscale. Résultat, le Royaume-Uni est en passe de réussir un véritable « come back industriel ». Des secteurs se réveillent c'est le cas de l'automobile qui sans retrouver ses performances passées renait de ses cendres : sa production a été multipliée par 2 depuis son point bas. Idem aussi de l'aéronautique en hausse de 47%. Surtout, en conjuguant stratégie de l'offre et de la demande, le gouvernement britannique a réussi le tour de force de faire remonter le taux d'utilisation des capacités de production, repassé au-dessus de sa moyenne de long terme. Il peut donc espérer enclencher un nouveau cycle d'investissement. Et si ce pari réussit, les éléments d'une reprise durable seront alors réunis. Moins le fruit d'un miracle, au final, que d'un grand pragmatisme.

Alexandre Mirlicourtois, Croissance britannique : la potion magique, une vidéo Xerfi Canal 
 



Publié le mercredi 26 mars 2014 . 4 min. 07

Mots clés :

Europe / Zone euro

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