Croissance : ne pas oublier la demande domestique
Publié le mardi 3 juin 2014 . 4 min. 35
Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi
En mettant délibérément le projecteur sur le poids de la demande domestique, le monde peut être scindé en 3 grandes catégories de pays. Un les rentiers et les petites économies portuaires, deux les extravertis et trois les autocentrés. Une typologie qui peut être objectivée, grâce aux données de l'OCDE de commerce en valeur ajoutée, qui permettent de véritablement mesurer le poids de la valeur ajoutée produite sur le territoire et destinée aux marchés d'exportation. Les pays rentiers d'abord. Ce sont principalement de grands exportateurs de matières premières. Les pays pétrolier du Moyen-Orient en sont l'archétype. Des pays qui ont en commun, d'être richement doté en ressources naturelles et qui tirent de ces ressources naturelles de grands bénéfices commerciaux. Bien évidement leur prospérité ne tient qu'à un fil, celui du cours des matières premières qu'ils exportent. Miroir de cet ancrage extérieur, le rôle du marché domestique est mineur. Moins de 50% du PIB pour l'Arabie Saoudite et le Sultanat du Brunei qui se retrouve en bas de l'échelle. C'est le cas aussi des petites économies portuaires comme la cité-Etat de Singapour. Et ce n'est pas un hasard si parmi les grands pays européens, les économies portuaires comme les Pays-Bas, et plus encore la Belgique sont celles où la part de la demande domestique est la plus faible? avec la Norvège qui est une puissance pétrolière. Pour les pays de la seconde catégorie, celles des extravertis, la dynamique extérieure reste importante mais la part domestique du PIB dépasse 50%. Dans ce vaste ensemble deux groupes sont à distinguer. Il y a d'abord un premier rideau de petits pays extravertis qui gravitent autours de leur principal donneur d'ordre. C'est le cas des PECO avec l'Allemagne dans le rôle de plateforme d'intégration productive : la Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie se partagent ainsi le bas du classement avec d'autres pays ateliers situés en Asie comme le Cambodge, le Vietnam, ou la Thaïlande. Le second rideau des pays extravertis est formé des grandes économies tournées vers l'international, certes, mais où effet taille oblige, le poids de la demande domestique dépasse néanmoins 70%. C'est le cas de la Corée du Sud et aussi de l'Allemagne. Mais contrairement aux données standards de commerce, même pour le pays européen le plus internationalisé en dehors des exceptions portuaires et pétrolières, les données en valeur ajoutée montrent que la part destinée au marché domestique du PIB grimpe à 74%. Et c'est bien pourquoi malgré des performances extérieures exceptionnelles, le PIB allemand s'est seulement élevé de 1,3% en moyenne entre 2003 et 2013. En sacrifiant tout sous l'autel de la compétitivité, les entreprises allemandes ont fait main basse sur les salaires, mis en panne la consommation et sacrifié la demande domestique. Reste la dernière catégorie des pays autocentrés. Le débouché domestique est ultra-dominant. Pour le premier d'entre eux, les Etats-Unis, la part intérieure monte à 91%. C'est aussi parmi les économies avancées majeures, celle qui affiche la meilleure performance depuis 10 ans ; c'est aussi la seule a ne pas avoir sacrifié sa demande interne, même si c'est à crédit. Plus surprenant, se retrouve aussi dans cette catégorie l'essentiel des BRIC, Chine y compris. Là aussi l'effet taille joue a plein, mais avec une part domestique à 83%, cela ne renvoie pas l'image d'une économie uniquement axée sur son développement extérieur. Pourquoi, parce que ce qui est exporté est massivement composé de biens importés. Cela permet aussi de mieux comprendre pourquoi le gouvernement soigne désormais plus particulièrement la composante interne. En bonne place dans ce groupe, l'essentiel des pays de la zone euro, la France bien-sûr, mais aussi l'Espagne, le Portugal, l'Italie. Mais contrairement aux autres membres de ce groupe, l'obsession de la compétitivité, la certitude qu'en dehors des marchés internationaux il n'y a pas de salut possible, ont fini par établir un nouveau dogme : les marchés domestiques n'offre plus de perspectives de croissance. C'est peut-être aussi pourquoi les pays du Sud ont décroché et que la France s'enfonce.
Alexandre Mirlicourtois, Croissance : ne pas oublier la demande domestique, une vidéo Xerfi Canal
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